François Desroches – ASSÉ http://www.asse-solidarite.qc.ca Association pour une solidarité syndicale étudiante Tue, 30 Apr 2019 03:59:53 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 AEC et CCTT, ça mange quoi en hiver ? http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/aec-et-cctt-ca-mange-quoi-en-hiver%e2%80%89/ http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/aec-et-cctt-ca-mange-quoi-en-hiver%e2%80%89/#respond Fri, 28 Sep 2018 19:36:30 +0000 http://www.asse-solidarite.qc.ca/?post_type=ultimatum&p=3739 L’ingérence des entreprises privées et du marché dans l’éducation semble aux premiers abords être un phénomène très abstrait dans les cégeps. Toutefois, les AEC (attestations d’études collégiales) et les CCTT (centres collégiaux de transfert en technologie) contribuent fortement à l’arrimage … Lire la suite

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L’ingérence des entreprises privées et du marché dans l’éducation semble aux premiers abords être un phénomène très abstrait dans les cégeps. Toutefois, les AEC (attestations d’études collégiales) et les CCTT (centres collégiaux de transfert en technologie) contribuent fortement à l’arrimage des cégeps aux besoins du privé.

Les AEC

Une attestation d’études collégiales est un court programme ultraspécialisé, qui n’inclut pas la formation générale et qui dure environ un an. C’est pourtant cette formation générale (incluant les cours de français et littérature, de philosophie, d’éducation physique et d’anglais) qui rend les cégeps si uniques et importants : ils ont été conçus en alliant les écoles de métiers avec les collèges classiques pour fournir à tous et à toutes une base préuniversitaire. C’est d’ailleurs ce que veut dire l’abréviation cégep : Collège d’enseignement général et professionnel. Cela fait en sorte qu’un étudiant ou une étudiante qui déciderait d’aller à l’université quelques années après avoir terminé sa technique peut le faire sans avoir à revenir au cégep, la formation générale reçue étant uniforme.

Il existe trois types d’AEC : celles créées par Emploi-Québec, celles commandées par des entreprises privées et celles créées par les cégeps. C’est ce dernier type d’AEC qui est selon nous le plus problématique et sur lequel nous allons nous pencher.

Les AEC créées par les cégeps doivent l’être à partir de techniques déjà existantes, soit comme une spécialisation de la technique en question, ou comme un programme complémentaire. Considérant que ces AEC sont de petites formations ne comprenant que l’essentiel pour répondre aux besoins à court terme du marché, les personnes n’ayant qu’une AEC comme diplôme seront souvent contraintes de retourner sur les bancs d’école au bout de quelques années afin de mettre à jour leurs connaissances. En effet, elles n’auront pas la formation générale pour accéder à l’université plus tard si elles le désirent ni l’apprentissage large de la technique depuis laquelle leur AEC aura été tirée.

Il faut noter qu’il y a toutefois certains côtés positifs aux AEC. En effet, quelqu’un ayant déjà fait une technique et désirant se spécialiser peut le faire grâce à une AEC. Il en est de même pour les personnes immigrantes dont les diplômes ne sont pas reconnus, qui peuvent compléter une AEC pour trouver un emploi dans leur domaine de prédilection.

Le danger est que les AEC constituent une façon de contourner la formation générale. Cela fait en sorte que certains étudiants et certaines étudiantes ayant de la difficulté à la réussir peuvent être tenté-e-s d’aller vers une AEC. Une solution efficace pour aider ces personnes serait plutôt, par exemple, d’augmenter le financement pour les ressources d’aide aux étudiants et étudiantes en difficulté.

Les CCTT

Les centres collégiaux de transfert de technologie sont des organisations rattachées aux cégeps qui offrent d’abord et avant tout des services d’aide aux entreprises privées de la région, tels des services de recherche appliquée. Ils sont fortement subventionnés[1] par le gouvernement, ce qui donne aux entreprises un incitatif financier à faire affaire avec les CCTT. Il est à noter que les CCTT utilisent les infrastructures des cégeps ainsi que leurs professeur-e-s. Ces dernières et derniers se voient parfois relevé-e-s de leurs charges de cours pour travailler sur les projets de recherche des CCTT.

Les CCTT sont spécialisés dans des domaines propres à chaque cégep et à chaque région, et offrent ainsi des services en conséquence. Vu leur proximité avec le secteur privé, les CCTT participent non seulement à l’élaboration des plans de cours des programmes de leur discipline, mais également à la conception de nouvelles AEC. Ce faisant, les CCTT sont carrément une porte d’entrée du privé dans ce qui est enseigné dans les cégeps, à travers leurs entreprises clientes. Cela va à l’encontre de notre position selon laquelle le contenu des cours ne devrait pas être influencé par les entreprises privées.

Quelque chose de plus inquiétant à propos des CCTT est la formule Trial. Les détails de cette nouvelle approche, annoncée lors du budget provincial 2018-2019, n’ont pas encore été diffusés publiquement. Avec ce qui a été décrit dans le budget, il semble clair toutefois que les CCTT vont jouer un rôle encore plus important dans les formations des techniques et des AEC de leurs domaines. Ces formations seraient divisées en trois parties : l’école, le privé et la recherche. Toutefois, comme nous l’avons souligné plus tôt, les recherches effectuées par les CCTT sont commandées par les compagnies privées. Deux des trois parties de la formule Trial seraient donc gérées étroitement avec les entreprises, et la portion scolaire serait définie en collaboration avec les CCTT.

Enjeux et revendications

Dans le cadre de sa campagne annuelle sur la marchandisation de l’éducation, l’ASSÉ reconnaît que les AEC sont une menace pour la formation générale au Québec. Il est donc important de revendiquer une restriction dans l’accès et la création des AEC, pour qu’elles ne soient pas un moyen de contourner cette dernière. Parallèlement, il est important de favoriser la reconnaissance des diplômes pour les personnes immigrantes au Québec.

Également, les compagnies privées clientes des CCTT paient pour que les enseignants et enseignantes travaillent sur leurs projets de recherche au lieu de donner des cours aux étudiants et étudiantes des cégeps, en plus de pouvoir s’ingérer dans les programmes offerts. Bien que l’ASSÉ n’ait pas de position sur les CCTT, il serait intéressant de revendiquer la fermeture immédiate des CCTT, considérant que l’ingérence du privé dans nos établissements scolaires est une condition essentielle à la marchandisation de l’éducation.

[1] En mai 2013, le financement des CCTT était évalué à 471 millions de dollars. Source : http://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/enseignement-superieur/collegial/Rapport_CCTT_2013.pdf

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