Revue 2012-2013 – ASSÉ http://www.asse-solidarite.qc.ca Association pour une solidarité syndicale étudiante Tue, 30 Apr 2019 03:59:53 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 Éditorial: Le sommet de l’hypocrisie http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/editorial-le-sommet-de-lhypocrisie/ http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/editorial-le-sommet-de-lhypocrisie/#respond Fri, 25 Jan 2013 23:23:03 +0000 http://www.asse-solidarite.qc.ca/?post_type=ultimatum&p=1154 Les associations membres de l’ASSÉ se sont récemment prononcées avec méfiance pour la participation de notre organisation au sommet sur l’éducation supérieure. Du même souffle, le congrès a résolu d’appeler à au moins une journée de grève pour une grande … Lire la suite

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Les associations membres de l’ASSÉ se sont récemment prononcées avec méfiance pour la participation de notre organisation au sommet sur l’éducation supérieure. Du même souffle, le congrès a résolu d’appeler à au moins une journée de grève pour une grande manifestation. Après les derniers mois de mobilisation et alors que de milliers de nos camarades font toujours face à de lourdes procédures judiciaires, vers où allons-nous?

De prime abord, il est important de faire ressortir du dernier budget péquiste qu’une seule de ses grandes promesses a été tenue : le gel des frais de scolarité. C’est sans aucun doute la preuve la plus limpide que la construction d’un mouvement de masse combatif et démocratique est la meilleure — voir la seule — option pour freiner la machine néolibérale. Quant au sommet, il ne correspond pas du tout à ce que revendiquait le mouvement étudiant durant la grève. Nous avons essayé avec acharnement de susciter un large débat sur les finalités de l’éducation publique, et ce n’est évidemment pas à travers cet événement que nous y arriverons. En plus de sa forme défaillante, on voit bien que le Parti québécois (PQ) se soucie bien peu de ce que nous avons à lui dire : il avait déjà annoncé des compressions budgétaires de plus de 140 M$ dans l’éducation postsecondaire alors que les consultations étaient à peine entamées.

Comment, dans ce contexte, faire valoir nos positions pour l’autogestion dans la collégialité des établissements postsecondaires, pour la gratuité scolaire et contre l’assurance-qualité? D’abord, en s’assurant que les assemblées générales d’un bout à l’autre du Québec remettent en question ce sommet sur l’éducation, à cause de sa forme, des groupes qui y participent et du contenu qui y est abordé. Le Parti québécois parle à tout vent de recherche du consensus, mais comment veut-il qu’on s’accorde avec le Conseil du patronat et le rectorat des universités, ceux et celles mêmes qui cherchent à détourner la mission de l’éducation publique à des fins mercantiles? Évidemment, le Parti québécois a des objectifs clairs derrière sa recherche du consensus, et c’est justement pour cette raison que nous devons redoubler d’ardeur pour déconstruire la fausse image de ce parti. N’oublions pas que ses têtes dirigeantes prônent toujours une hausse des frais de scolarités, que Léo Bureau-Blouin était un des premiers à condamner les « manifestations violentes » et qu’il a été un des premiers à laisser tomber toutes les valeurs qu’il « défendait » pour décrocher un poste de député. Si on rajoute à tout ça la hausse des tarifs d’électricité et le maintien de la taxe santé, on se rend compte qu’il y a bien peu de distinctions à faire entre ce gouvernement et son prédécesseur.

Ne soyons pas dupes. Les stratégies de concertation n’ont jamais fait partie de nos plans d’action dans le passé et il y a à cela une bonne raison : nous n’avons rien à gagner à nous asseoir à la même table qu’un gouvernement qui fait la promotion de l’indexation des frais de scolarité. De quelles façons nos présentations condensées de treize minutes pourraient-elles rivaliser avec les paroles si « rationnelles » des puissants lobbys qui redoubleront d’ardeur pour nous ridiculiser? Nous devons plutôt miser sur ce qui fait la force des organisations comme l’ASSÉ : la construction d’un rapport de force grâce à une mobilisation constante. Que le PQ se le tienne pour dit : s’il veut s’avancer sur le terrain d’une hausse des frais de scolarité ou sur celui de l’assurance-qualité, il devra à nouveau composer avec grèves, manifestations et actions de perturbation. Rappelons-le-leur en étant des milliers dans la rue pour leur sommet!

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Financement des cégeps et universités http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/financement-des-cegeps-et-universites/ http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/financement-des-cegeps-et-universites/#respond Fri, 25 Jan 2013 23:20:28 +0000 http://www.asse-solidarite.qc.ca/?post_type=ultimatum&p=1151 Le débat fait rage : l'annulation de la hausse des frais de scolarité a poussé les rectrices et recteurs d'université à crier encore plus fort au sous-financement des universités. Mais derrière les discours résolument comptables dont la Conférence des recteurs et … Lire la suite

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Le débat fait rage : l'annulation de la hausse des frais de scolarité a poussé les rectrices et recteurs d'université à crier encore plus fort au sous-financement des universités. Mais derrière les discours résolument comptables dont la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CRÉPUQ) est la voix la plus forte, on dissimule mal un manque de volonté de débattre des enjeux de fonds. À quoi doit servir l'argent supplémentaire ou, plus largement, quelles sont les finalités de l'université?

Le sous-financement en question

En 2010, la CRÉPUQ chiffrait le sous-financement des universités québécoises à 620 M$i. Pour y arriver, elle comparait le total des revenus des universités par étudiante et étudiant au Québec et dans les autres provinces canadiennes.

Conclure au sous-financement universitaire sur cette base apparaît être une grossière maladresse méthodologique, car c’est faire fi des finalités de l'enseignement supérieur. En effet, l'adoption d'une base comparative pour discuter du financement des universités ne permet pas un réel débat sur celui-ci : elle ne fait qu'encourager la concurrence déjà grande entre les universités.

Une autre analyse concluant au sous-financement des universités est celle portant sur le déficit cumulé des universités québécoises. Bien qu'à première vue cette méthode semble plus fiable, on peut s’interroger sur les causes de ce déficit. En particulier, on peut constater que lorsqu'on parle de déficit des universités, on parle en fait du déficit du fonds de fonctionnement des universités. On ne fonde donc des comparaisons que sur une partie du budget dédié aux universités.ii

Et s'il était plutôt question de mal-financement?
Mais le débat se poursuit au-delà des chiffres et des budgets totaux. Il s'agit de se demander le type d'université que nous voulons. En effet, la comparaison trompeuse faite par la CRÉPUQ n'est pas dépourvue de fondements idéologiques. Au-delà de la nécessité de justifier le sous-financement universitaire, les rectrices et recteurs des universités québécoises inscrivent leur mode de gestion dans le contexte d'une université mondialisée. Ainsi, plutôt que de s'attarder aux ressources nécessaires pour assurer à l'université ses missions d'enseignement et de recherche, on se penche sur les fonds manquants pour que celle-ci puisse se comparer aux grandes universités à l’échelle mondiale. Bref, c'est la prémisse de la CRÉPUQ qui serait biaisée et qui conduirait à une telle évaluation du sous-financement.

Il serait incongru de parler de budgets universitaires sans s'attarder à la répartition de ceux-ci. Lorsqu’on s’y attarde, force est d'admettre qu'il existe un déséquilibre entre le financement des différents secteurs de l'université. D'une part, les secteurs plus directement liés à la recherche commercialisable (pharmaceutique, technologie de pointe, etc.) profitent largement de l'économie du savoir en étant davantage financés. D'autre part, le financement public fait défaut pour l'enseignement et la recherche libre, entraînant une recherche de financement privé par les frais de scolarité ou les partenariats commerciaux. Ainsi, les chercheuses et chercheurs ont moins de ressources pour se poser des questions qui bénéficieraient à l'avancement du savoir et sont plutôt encouragés à se pencher sur des enjeux servant la création de richesse. Par ailleurs, les récentes coupures budgétaires dans les Fonds de recherche du Québec ne peuvent que pénaliser la recherche libre, financée par des fonds publics et, ainsi, accélérer la privatisation de l'université.

Une université ayant pour fin le développement économique de la province manquera toujours de fonds. En tant que moteur de la création de richesse, elle sera à la recherche de partenaires commerciaux, à la fois pour vendre les innovations développées en son sein et pour aller chercher les quelques miettes de financement supplémentaire que lui rapporte la commercialisation de la recherche. Elle se mettra ainsi en compétition avec les autres universités pour attirer les investissements et les étudiantes et étudiants les plus performants. Cette compétition ne passe toutefois pas par la recherche de l'excellence académique, mais bien par l'acquisition d'une réputation plus forte auprès des employeurs et des bailleurs de fonds. Adhérer à la logique de l'université pour l'économie, c'est accepter le sous-financement.

L'inverse est aussi vrai : demander une croissance perpétuelle du financement des universités, c'est cautionner les divers partenariats qui permettent à l'entreprise de mettre le pied dans l'université. C'est aussi se rallier à la création de valeur rentable au détriment d'une recherche visant le développement et la transmission des connaissances.

A contrario, une université libre demande certes du financement, mais n'endosse pas un détournement de sa mission pour sa recherche. Elle n'endosse pas non plus une hausse des budgets dédiés à la publicité et à la construction de nouveaux bâtiments au détriment de sa mission d'enseignement, qui souffre d'un manque de fonds.

Le débat fait rage : quelle université voulons-nous?

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L’éducation en péril : une affaire internationale http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/leducation-en-peril-une-affaire-internationale/ http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/leducation-en-peril-une-affaire-internationale/#respond Fri, 25 Jan 2013 23:06:16 +0000 http://www.asse-solidarite.qc.ca/?post_type=ultimatum&p=1146 Nos pas ont fait trembler le sol québécois tout au long du printemps 2012 et ces vibrations se sont faites ressentir aux quatre coins du globe. La lutte que nous avons menée au printemps dernier n'a pas seulement éveillé la … Lire la suite

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Nos pas ont fait trembler le sol québécois tout au long du printemps 2012 et ces vibrations se sont faites ressentir aux quatre coins du globe.

La lutte que nous avons menée au printemps dernier n'a pas seulement éveillé la fibre protestataire des Québécois et Québécoises. La réflexion s'est propagée dans plusieurs pays, que ce soit chez nos voisins du sud, dans le reste du Canada, en Australie, en Allemagne et même au Brésil ou à Taïwan. Partout, la grève étudiante a fait ramener dans les discours des du mouvement étudiante, mais aussi des citoyens et citoyennes, l'enjeu fondamental qu'est l'accessibilité à l'éducation supérieure ainsi que la marchandisation du savoir

De plus en plus de sociétés sont touchées par la marchandisation du savoir. Le processus de Bologne et l'assurance qualité se propagent à une vitesse fulgurante en Europe, un peu comme la peste noire au Moyen-Âge. Ce processus vise principalement à uniformiser les diplômes au niveau international afin de permettre une meilleure circulation des diplômé-e-s sur le marché mondial du travail.

Une lutte inspirante
L'ASSÉ, grâce à sa coalition, a su se démarquer des autres organisations nationales par son leadership, ses actions et manifestations presque quotidiennes. Ses pratiques organisationnelles lui ont permis de mobiliser une masse
diversifiée. Elle a réussi à créer un mouvement non seulement étudiant, mais aussi populaire. Étudiantes et étudiants, professeur-e-s, citoyens et citoyennes de toutes les couches sociales se sont alliées, non seulement contre la hausse des frais de scolarité, mais pour une société plus juste et égalitaire. Les centaines de milliers de personnes dans les rues lors des manifestations nationales du 22, les rassemblements populaires de casseroles , les manifestations nocturnes sont tous des événements ayant retenu l'attention des camarades à l'international. Ils et elles ont été si inspiré-e-s par le mouvement populaire que nous avons créé que plusieurs associations étudiantes et syndicales ont invité la CLASSE afin qu’elle partage les techniques organisationnelles que nous avons développées.

Cet été, alors qu'une tournée nationale avait lieu au Québec , des délégué-e-s ont aussi été invité-e-s aux quatre coins du globe afin d'expliquer le cheminement politique ayant permis de créer un mouvement de masse historique. De nombreuses tournées ont été effectuées dans le reste du Canada et aux États-Unis afin d'aider à organiser des mouvements étudiants et syndicaux en commençant par la base, car rappelons-nous que la culture de contestation n'est pas imprégnée dans ces régions comme elle a pu l’être, historiquement, au Québec. Les invitations provenaient de partout, de Burlington jusqu'à San Francisco, de Toronto à Vancouver, et de plusieurs milieux; il s'agissait de groupes sociaux, d'associations étudiantes ou syndicales et même d'initiative citoyenne. Les tournées de représentation ne s'arrêtaient pas au continent nord-américain, des conférences ont été données en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Suisse, en Angleterre, en France, en Allemagne, au Mexique, au Brésil, ainsi que dans plusieurs autres pays !

En plus d'avoir suscité le désir de lutter contre la marchandisation de l'éducation et pour la gratuité scolaire, le mouvement que nous avons créé ensemble a inspiré les militants et militantes de plusieurs pays à passer à l'action pour nous démontrer leur soutien. Ainsi, tout au long de l'année des dizaines d'actions et de manifestations en solidarité avec le mouvement étudiant québécois a été entrepris. Non seulement pour nous démontrer leur soutien, mais aussi pour lutter contre les oppressions et les mesures d'austérité auxquelles ils et elles font face.

Un mouvement international
Depuis quelques temps, le mouvement étudiant a commencé à collaborer avec l’International Student Mouvement (ISM) dans le but de créer une solidarité internationale. C'est ainsi que le 18 octobre dernier, les rues de plus d'une dizaine de villes sur tous les continents ont vibré sous les pas de manifestant-e-s et manifestants marchant pour l'accessibilité aux études. Pendant ce temps, à Montréal, une manif-action était organisée en solidarité avec les contestations internationales. De plus, lors de la semaine du 14 au 22 novembre, environ 40 000 étudiants et étudiantes du Québec étaient en grève pour une journée ou plus. À l'international, l'appel de l'ISM a aussi été entendu : des manifestations, des actions et même des grèves ont été organisées sur tous les continents.

La lutte pour l'accessibilité aux études supérieures n'est pas nationale, elle est internationale.
Ce n'est qu'un début, continuons le combat!

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Stratégies politiques: L’intention derrière la cravate http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/strategies-politiques-lintention-derriere-la-cravate/ http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/strategies-politiques-lintention-derriere-la-cravate/#respond Fri, 25 Jan 2013 22:46:46 +0000 http://www.asse-solidarite.qc.ca/?post_type=ultimatum&p=1144 Le Parti Libéral du Québec de Jean Charest avait déjà une certaine expérience des mouvements de contestation avant la grève étudiante de cet hiver. En plus d'avoir engendré la grève étudiante de 2005, ce gouvernement a aussi fait face aux … Lire la suite

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Le Parti Libéral du Québec de Jean Charest avait déjà une certaine expérience des mouvements de contestation avant la grève étudiante de cet hiver. En plus d'avoir engendré la grève étudiante de 2005, ce gouvernement a aussi fait face aux oppositions populaires concernant la centrale thermique du Suroît, la privatisation du Mont Orford, les gaz de schistes et la commission d'enquête sur la corruption, pour n'en citer que quelques-unes. Il savait donc à quoi s'en tenir en annonçant en février 2010 une hausse des frais de scolarité. Les stratégies du gouvernement semblaient donc prêtes pour le duel qui se préparait.

Nous ne devrions pas être surpris et surprises, car les stratégies mises en œuvres par Jean Charest n'ont rien de nouveau. Elles doivent par contre être connues et prises en compte pour mieux voir venir les coups et ainsi améliorer l'organisation d'une lutte. En général, ces stratégies passent par deux grandes étapes : cibler en premier lieu les forces contestataires pour mieux freiner la controverse et deuxièmement, si l'opposition persiste, les isoler le plus possible.

Être l'acteur dominant et éclairé

Le gouvernement tente de dissiper tous doutes quant à sa prétendue légitimité pour ainsi mieux dominer le discours. Le but principal est de réduire au maximum la légitimité du mouvement étudiant tout en tentant de convaincre une majorité de la population, dont les étudiants et les étudiantes. Différent-e-s ministres libéraux et libérales étaient sur toutes les tribunes pour vanter la hausse des frais de scolarité. Chaque élu-e connaissait le dossier et pouvait le défendre. C'était évidemment une façon de s'imposer comme le parti le plus éclairé dans le débat. À maintes reprises, nous avons pu les entendre prononcer qu'en tant que « gouvernement responsable, il n'avait pas le choix » d'agir de cette manière. Margaret Thatcher utilisait cette même formulation pour défendre ses mesures d'austérité aux Royaumes-Unis quelques années auparavant. Hasard? C'est plutôt une manière facile d'entrer dans la tête des gens que le gouvernement s'est assuré d'évaluer toutes les avenues mais celle-ci est la seule voie possible sans pour autant le prouver concrètement et rigoureusement. Suffit simplement d'y porter une légère attention pour comprendre que ce n'est strictement idéologique comme choix puisque des moyens pour financer l'éducation il en existe d'autres.

Éviter le pire

Le gouvernement le sait; il doit éviter la grève générale illimitée sans quoi sa mesure d'hausser les frais de scolarité pourrait être mise en péril. La répétition, ad nauseam, qu'une grève étudiante engendre une perte de session est utilisé à tout coup pour instaurer la crainte chez les étudiantes et les étudiants alors que jamais cela ne s'est produit. De cette façon, on tente de nous désolidariser, de nous faire peur en amenant la question de la réussite scolaire et de réduire nos actions de contestation à des évènements violents privés de sens. Ce duel s'est prolongé de manière inattendue soit, mais certainement pas de manière anodine. L'objectif était bel et bien de nous épuiser et de nous faire perdre espoir dans la réussite de notre but : bloquer la hausse des frais de scolarité.
Isoler la communauté étudiante
Face au nombre croissant en grève et à la multiplication des actions de perturbation, les libéraux se lancent dans une campagne de salissage de la classe étudiante. L'idée est de convaincre qu'il s'agit du combat du « Bien contre le Mal ». Les étudiants et les étudiantes deviennent donc les méchants qui, par égoïsme et irresponsabilité, s'attaquent au reste de la population québécoise. En premier lieu, les actions, que le gouvernement décrit comme violentes plus souvent qu'autrement, sont présentées comme des menaces pour la sécurité de la population. Heureusement, les forces de l'ordre (le Bien) sont présentes pour faire leur travail. De plus, on remarque que le gouvernement déforme l'argumentaire étudiant. Il tente de nous diaboliser en affirmant que de vouloir empêcher la hausse des frais de scolarité ou même défendre une perspective de gratuité scolaire résulterait à une augmentation d'impôts et de taxes pour la classe moyenne alors que nos revendications étaient claires : retour de la taxe sur le capital et retour de dix paliers d'impositions au lieu de trois. Deux mesures qui, justement, épargnaient cette classe sociale.
Le sens des mots
Il est tout à fait volontaire dans une optique de délégitimer un mouvement de contestation qui devient de plus en plus fort que les élu-e-s utilisent certains termes bien spécifiques. L'objectif est, encore une fois, de tenter de réduire la crédibilité et la notoriété des grévistes. Ainsi, le choix du mot boycott au lieu du mot grève visait à défaire l'aspect collectif du mouvement. Ceci illustre bien la tentative du gouvernement de limiter la grève à une contestation de quelques individus seulement, et rien de plus.
Nous pouvons remarquer le même procédé avec les différentes significations que l'on peut donner au concept de démocratie. Combien de fois avons-nous entendu le Parti Libéral répéter que ses mesures devaient être respectées car les Québécoises et les Québécois l'avaient élu LUI par un processus électoral où tout le monde pouvait participer? D'ajouter par la suite que les assemblées générales sont truquées, ou encore que la participation n'est pas assez grande? Pourtant, cette instance permettait à tout le monde de prendre parole, d'amener sa vision, de rendre meilleures les propositions et puis de se positionner sur la question selon des règlements et des procédures strict-e-s. Ceci ne reste qu'une stratégie pour supprimer la crédibilité étudiante aux yeux des citoyennes et des citoyens tout en remontant l'image dominante de l'État.
La négociation
Surpris par notre entêtement à maintenir un principe qui nous est cher, le gouvernement choisit, au début, de ne pas négocier. En initiant le processus de négociation, le parti libéral résout un problème qu'il a lui-même généré : « la non-négociation ». Il paraissait davantage de bonne foi à ce moment et donne l'impression de déjà reculer sur ses principes alors que cela n'a rien à voir avec le problème initial : le fait de financer nos universités par des hausses de frais de scolarité.
Le gouvernement fait face à deux choix pour ces négociations : négocier un compromis sur le fond du problème ou négocier un processus de sortie de crise. C'est bel et bien cette dernière option qui a été choisie. De par cette stratégie, les libéraux n'avaient pas à plier sur leurs décisions initiales et pouvaient amener la partie étudiante dans le piège de la « culpabilité », c'est-à-dire d'essayer de montrer au reste de la population que nous sommes malhonnêtes et que nous ne voulons pas vraiment résoudre le « quiproquo ».
S'ajoute à cela la tentative de présenter des offres complexes pour qu'elles soient plus difficiles à saisir et à expliquer en assemblée pour que, du même coup, nous ne passions pas par cette voie pour les faire adopter.
La grande finale
Suite à l'accumulation des stratégies qui semblent plus ou moins fonctionner, une étape finale demeure : la loi spéciale suivi d'une campagne électorale. Égratigné à plusieurs reprises par la grève qui n'était plus seulement étudiante, mais bien devenue une lutte populaire au Québec, Jean Charest voulait essayer de faire baisser la pression populaire qui lui enlevait une certaine apparence de contrôle en tant que « chef d'État ». La loi spéciale, utilisée à maintes reprises par d'autres gouvernements (autant du PQ que de l'Union Nationale) pour réprimer violemment des mouvements syndicaux forts, prend cette fois-ci plutôt un rôle d'artifice dans une perspective électorale. L'élection qui sera déclenchée deux mois et demi après l'adoption de cette loi spéciale confirme ceci comme l’ultime façon de nous faire taire.
Malgré notre succès à faire échec aux stratégies gouvernementales, nous ne devons pas les oublier dans les années à venir. Les élites politiques continueront de faire dévier les débats pour que nous ne les abordions qu'en surfaces. Il ne faudrait pas non plus nous méprendre avec le nouveau gouvernement en place ; bien que certains mécanismes puissent différer , l'essence stratégique restera la même.

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À têtes reposées: Positions et propositions du gouvernement durant la grève http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/a-tetes-reposees-positions-et-propositions-du-gouvernement-durant-la-greve/ http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/a-tetes-reposees-positions-et-propositions-du-gouvernement-durant-la-greve/#respond Fri, 25 Jan 2013 22:41:36 +0000 http://www.asse-solidarite.qc.ca/?post_type=ultimatum&p=1140 Les positions du gouvernement Charest ont énormément changé durant le conflit étudiant de 2012. Après avoir refusé de négocier parce que les consultations avaient déjà eu lieu1; refusé de nous rencontrer parce que Line Beauchamp ne voulait pas s'asseoir avec … Lire la suite

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Les positions du gouvernement Charest ont énormément changé durant le conflit étudiant de 2012. Après avoir refusé de négocier parce que les consultations avaient déjà eu lieu1; refusé de nous rencontrer parce que Line Beauchamp ne voulait pas s'asseoir avec Gabriel Nadeau-Dubois2; puis parce que nous refusions de condamner la violence. Après tout cela, seulement, le gouvernement a fait mine de négocier. Retour sur le tango libéral du printemps dernier.

Avant l'ouverture des négociations, le gouvernement s'était déjà avancé, faisant quelques propositions qui visaient à dégonfler le mouvement de grève. Bien que le terme « offre » puisse être questionné, il n'en reste pas moins que le gouvernement a bel et bien tenté d'acheter la paix en annonçant des mesures très ciblées. C'est ainsi que le 5 avril, après un mois et demi de grève, le gouvernement annonce qu'il étendra le seuil minimal de contribution parentale de 35 000$ à 45 000$3. Des bonifications de prêts étaient aussi proposées pour les ménages ayant un revenu annuel entre 60 000$ et 100 000$. Finalement, l'annonce comprenait l'établissement d'un régime de Remboursement Proportionnel au Revenu (RPR) pour les étudiants et étudiantes endettées.

Une première ronde de négociations

Le gouvernement accepte de s'asseoir avec les grévistes pour la première fois le 9 avril, au lendemain d'un congrès de la Coalition Large de l'Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante (CLASSE), qui a décidé d'affirmer qu'elle dénonçait la violence délibérée, sauf en cas de légitime défense. Jugeant que cette position « [soufflait] le chaud et le froid », le gouvernement décide d'ajouter une nouvelle exigence : les associations étudiantes nationales4 devront à présent conserver une « trêve dans le déploiement de gestes de perturbation sociale et économique »5. Même si la CLASSE déplore cette nouvelle exigence libérale, elle décide de participer aux négociations, déclarant qu'elle n'avait, de toute manière, aucune action prévue pour la durée de la trêve.
Deux jours de négociation se déroulent finalement derrières des portes closes avant que le gouvernement ne lance sa première véritable offre : la hausse sera maintenue, et aura exactement la même ampleur. Seulement, elle durera sept ans, plutôt que cinq6. Le refus des grévistes, clamé haut et fort dans les rues, sur les lignes de piquetage, mais surtout dans les assemblées générales de reconduction de grève, était alors bien prévisible.

Question d'ajouté l'insulte à l'injure, le gouvernement nous informe aussi, presque avec empressement, que la mesure s'établira à coût nul pour l'État, car elle sera financée à même les crédits d'impôts destinés aux étudiants et étudiantes. Notons aussi qu'avec cette offre prévoit le maintien des deux mesures précédemment annoncées, soit la bonification de l'Aide Financière aux Études et le RPR.

Seconde ronde de négociations

Le 4 mai 2012, deux semaines après l'échec des premières négociations, les grévistes sont de nouveau conviés à négocier. La rumeur électorale commence à planer, alors que la pression augmente sur les administrations des cégeps et des universités qui voient l’imbroglio de la reprise des cours empirer dramatiquement.

Au terme de deux nouvelles journées de négociations, le gouvernement annonce qu'une entente a été signée. Au début, les portes-paroles des grévistes triomphent : selon Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de la CLASSE, cette entente est « la preuve que la grève a porté fruit »7. Mais à tête reposée, on réalise que l'entente se révèle être davantage en faveur du gouvernement; les négociateurs et négociatrices étudiantes ont signé une offre qu'ils et elles avaient mal comprise. L'offre comprend (en plus des offres précédentes, qui sont conservées) la création d'un « comité provisoire sur la gestion universitaire », lequel permettra aux étudiants et étudiantes qui y siégeront de proposer des coupes dans les frais afférents dans le but de réduire la facture étudiante. Le tout se fera à coût nul pour le gouvernement, qui pourra se contenter de rester assis en regardant les étudiants et étudiantes se débattre pour gérer les coupures dans leurs propres universités. On peut dire enfin que Jean Charest a, en plus de son humour parfois déplacé, un goût recherché pour l'ironie.

La composition de ce comité provisoire nous révèle la volonté du gouvernement de bien garder « les deux mains sur le volant ». En fait, en s'assurant, d'une part, que chaque dollar arraché sera puisé à même les coffres des universités, et, d'autre part, que les groupes en faveur de la hausse seront majoritaires au sein du comité, le gouvernement rend impossible toute perspective de gain pour les grévistes. De plus, le ministère de l'éducation se confère un droit de veto sur toutes les coupes décidées par le comité, qui ne pourront pas, de toute manière, excéder le montant annuel de la hausse.

Tout au long du conflit, chaque offre aura été une injure pour des étudiants et étudiantes qui se levaient chaque matin pour piqueter, qui s'éreintaient à reconduire la grève, semaine après semaine. La mauvaise foi suintante du gouvernement, si elle fut dénoncée par plusieurs groupes, fut aussi saluée par certains et certaines comme une preuve d'ouverture. Mais cet absurde étalement de la hausse et ce comité provisoire consultatif sans issue, était-ce vraiment cela que l'on qualifiait d'ouverture de la part du gouvernement?
Pour la suite, Jean Charest aura fait l'Histoire : le 18 mai, le gouvernement adopte le projet de loi 78, une loi spéciale qui vise à forcer le retour en classe. Le premier août, il annonce qu'il déclenchera des élections dès le début du mois de septembre, faisant porter le poids de son opportunisme politique à une démocratie ébranlée. Difficile de croire que les offres faites aux grévistes pendant la grève visaient vraiment à régler le conflit. Difficile de croire alors qu'au contraire, elle ne visait pas à l'envenimer, pour mieux en récolter un éventuel profit politique.

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Personnification sexiste et brutalité policière http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/personnification-sexiste-et-brutalite-policiere/ http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/personnification-sexiste-et-brutalite-policiere/#respond Fri, 25 Jan 2013 22:38:53 +0000 http://www.asse-solidarite.qc.ca/?post_type=ultimatum&p=1138 La grande mobilisation que nous avons menée lors du printemps dernier a été le théâtre d'un nombre impressionnant d'affrontements entre forces de l'ordre et manifestants et manifestantes. La légitimité des techniques de contrôle de foules et la brutalité policière a … Lire la suite

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La grande mobilisation que nous avons menée lors du printemps dernier a été le théâtre d'un nombre impressionnant d'affrontements entre forces de l'ordre et manifestants et manifestantes. La légitimité des techniques de contrôle de foules et la brutalité policière a fait l'objet de chauds débats, autant en assemblée générale que dans les médias de masse. Malheureusement, ces tensions n'ont pas été sans conséquences.

Colère justifiée

Avant même le déclenchement de la grève générale étudiante, des images d'une action au ministère de l'éducation le 27 janvier, avaient suscité de vives réactions. On y voyait des étudiantes et étudiants victimes des poivres et d'un usage de la force démesurée, alors que ces personnes restaient immobiles et dialoguaient avec les deux policiers en présence sur les raisons de leur non-coopération avec ceux-ci. Ces évènements donnèrent le ton à un printemps mouvementé.

Le débat sur l'utilisation de bombes assourdissantes fait surface, le 7 mars. Francis Grenier, un étudiant de St-Jérôme, fait partie des quelques milliers présent-es au blocage des bureaux de Loto-Québec. Il fait la une de tous les médias avec sa blessure à l'œil droit résultant d’un projectile utilisé par les forces de l’ordre lors de leurs interventions de dispersion de la foule dense présente devant les bureaux.

Plus le conflit avance, plus les grévistes multiplient les blocages et les actions. Les dispersions de foules deviennent difficiles pour les autorités, puisque la détermination des participantes et participants de ces perturbations économiques et politiques augmente et la légitimité du mouvement se confirme de jours en jours. L’État doit trouver une façon de dégonfler le mouvement et choisit d’intensifier la répression.

Souvent décrite comme la manifestation où l’escalade de la violence a atteint un sommet, le Congrès du parti Libéral à Victoriaville du 4 mai, où des milliers de personnes ont convergé pour faire savoir leur mécontentement face au gouvernement actuel, n’a laissé personne indifférent. À la fin des affrontements entre anti-émeute de la Sureté du Québec et manifestantes et manifestants de tous âges, on craint, encore une fois, pour la vie d’un étudiant atteint, lui aussi à l’œil par un projectile policier. Les images qui parviennent à la population dans les médias montrent une étudiante atteinte à la bouche et un étudiant inconscient au sol, l’oreille ensanglantée.

Mais qui ne justifie pas

Pendant que l’escalade de la violence entre grévistes et forces de l’ordre ne cessent d’augmenter et que le sentiment d’injustice ressenti par plusieur-es ne semble trouvé écho nulle part, les attaques personnelles ont parus pour quelques individus un exutoire. Par contre, à bien des égards, les attaques personnelles sont rarement pertinentes et souvent « genrées » et servent de paravent aux problèmes systémiques.

Marie Pagès, militante du comité femme GGI de l’UQAM, dans une entrevue à Médium Large à Radio-Canada en date du 27 juin 2012 disait : « Nous sommes féministes, parce qu’il y a des inégalités entre les hommes et les femmes, et être engagées ne nous met pas à l’abri de ces inégalités-là. » Les récents évènements entourant la constable 728 témoignent du besoin de sensibilisation féministe dans nos rangs. Devant l’immense colère que certaines personnes pouvaient ressentir face à la fermeture du gouvernement et à la brutalité policière grandissante qu’elle entrainait, des sympathisants et militants contre la hausse des frais de scolarité et contre la marchandisation de l’éducation en sont venus à insulter cette policière personnellement. « Elle devait être dans ces SPM » laisse entendre Gabriel Roy, bloggeur s’étant positionné contre la hausse et qui profite de sa tribune pour parler du port de brassière de Yalda Khadir lors de son arrestation ou de la pilosité des militantes de la CLASSE. Et combien de fois avons-nous entendu-es des remarques sur la grosseur des pénis des policiers sur les lignes d’anti-émeute, en passant à coté du problème plus grand qui entoure la brutalité policière et le contrôle par la force de l’État sur sa population.

Il faut être avisé-es de la difficulté qu’à eu le mouvement étudiant de 2012 à dépersonnaliser les débats et à nommer les tensions systématiques présentes dans le conflit tout en dénonçant les insultes « genrées » d’un coté ou de l’autre de la barricade. Que les sentiments de colère face au gouvernement et aux forces de l’ordre soit réel et légitime ne permet pas à un groupe de dénigrer personnellement des individus, ou du moins de le faire en fonction de leur capacité sexuelle, de leur cycle menstruel, etc.

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L’alternative politique au parti libérale en est-elle vraiment une? http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/lalternative-politique-au-parti-liberale-en-est-elle-vraiment-une/ http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/lalternative-politique-au-parti-liberale-en-est-elle-vraiment-une/#respond Fri, 25 Jan 2013 22:17:50 +0000 http://www.asse-solidarite.qc.ca/?post_type=ultimatum&p=1134 Quelques mois se sont écoulés depuis la fin de notre grève et l’heure est au bilan sur notre action et sur la situation politique générale au Québec. Depuis la fin du printemps nous avons changé de gouvernement, la hausse libérale … Lire la suite

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Quelques mois se sont écoulés depuis la fin de notre grève et l’heure est au bilan sur notre action et sur la situation politique générale au Québec. Depuis la fin du printemps nous avons changé de gouvernement, la hausse libérale est chose du passé et maintenant un « grand sommet de l ‘éducation supérieure » nous attend en février pour « débattre » de la situation des universités au Québec.
Le gouvernement tente de faire bonne figure en acceptant d’entendre des positions contraires à sa proposition d’indexation des frais de scolarité, c’est pourquoi il laisse l’opportunité à l’ASSÉ d’exposer sa revendication de gratuité scolaire et sa critique de la marchandisation de l’éducation. Cependant, nous est-il permis de douter de cette bonne foi? Est-il possible que ce sommet ne soit en fait qu’une mascarade afin de nous faire jouer un rôle bien précis dans la joute politique qui s’installe au Québec : celle d’un gouvernement minoritaire qui voit la prochaine élection arriver très rapidement ?

Un gouvernement de continuité

Afin d’avoir une vision juste de la situation, regardons plus largement l’action de ce gouvernement depuis son élection. Le Parti Québécois a d’abord annoncé des mesures étonnantes : ajout de 2 paliers d’imposition pour les revenus excédant 130 000 dollars par année, abolition de la taxe santé et fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2. Cependant, malgré le caractère progressiste de ces annonces, un élément essentiel manquait : un argumentaire cohérent soutenant celles-ci. Une fois les mesures annoncées, silence du côté du gouvernement. Aucune défense soutenue des mesures, il laisse librement les chroniqueurs très impartiaux de la scène médiatique crier à « l’angoisse fiscal » et au « gâchis économique » sans jamais répliquer. Finalement, le nouveau gouvernement a entrepris une série de reculs qui fait aujourd’hui sa marque de commerce. Après à peine 100 jours, il a reculé sur la vaste majorité de ses engagements prétextant la menace d’élections. C’est notamment le cas pour le nombre de nouveaux paliers d’impositions et l’abolition de la taxe santé. Des augmentations des tarifs hydroélectriques1 ont été maintenues et le financement de l’éducation supérieure réduit (plus de 140 millions de dollars de coupures rétroactives dans les Cégeps et universités)2. Il est ironique que cette dernière décision ait été prise avant même le début du fameux sommet sur l’éducation supérieure. Bref, toutes les orientations de la « révolution tarifaire » de Raymond Bachand ont survécu au changement de gouvernement.

Mais plus encore, le Parti Québécois maintient la tradition de cadeaux remis à la communauté des affaires en leur accordant, entre autres, un répit de 10 ans d’impôts pour les projets de plus de 300 millions de dollars. Le gouvernement a également garanti aux entreprises minières encore quelques années de sursis avant qu’elles ne paient des redevances sur les ressources qu’elles exploitent3 et leur a assuré, bien entendu, que le trésor public paierait pour nettoyer les sites qu’elles auront pollués gratuitement4. Toutefois, la gratuité scolaire demeure une utopie selon ce gouvernement.

Un air de déjà-vu

Ce n’est pas la première fois qu’un gouvernement du Parti Québécois nous soumet à la valse des coupures, des cadeaux fiscaux et des sommets de concertations. Lors de la grande messe de l’amitié que fut le « forum économique » de 1996, le Parti Québécois convia la plupart des représentants syndicaux, patronaux, communautaires et de la société civile afin de déterminer comment « administrer » les coupures dites « nécessaires » par le gouvernement de Lucien Bouchard. Ce sommet ne fut, en somme, qu’une stratégie de relations publiques qui préserva l’apparent caractère démocratique du gouvernement de l’époque. On préserva la paix sociale et, par la suite, le gouvernement du Parti Québécois amputa le trésor public de 3.2 milliards de dollars en supprimant trois paliers d’imposition. Dans l’exercice d’austérité que fut le «déficit zéro», il est important de rappeler que l’actuelle première ministre, Pauline Marois, fut de passage dans tous les ministères qui furent très affectés par des coupes budgétaires. Consécutivement, elle administra notamment les coupures en santé, éducation, services sociaux.

Restons mobilisé-es

Malgré les similitudes entres les mesures politiques mises de l’avant par le nouveau gouvernement et celles connues sous les libéraux, il ne faut pas se méprendre sur la stratégie du Parti Québécois qui est très différente de celle du gouvernement précédent. La stratégie : le calme. Depuis le tournant des années 80, ce parti a régulièrement usé de la concertation et des sommets de toute sorte afin d’engourdir la mobilisation sociale.

Incapable de fournir de manière honnête une véritable alternative politique, le Parti Québécois croit pouvoir offrir la paix sociale facilement. Son objectif : nous faire croire que, contrairement aux libéraux, son gouvernement n’est pas contesté. Nous devons prendre acte de cela et faire en sorte que, cette fois-ci, le gouvernement ne puisse pas tirer son épingle du jeu grâce à cette bonne foi de façade.

En effet, cette stratégie pourrait se retourner contre le gouvernement si nous agissons avec audace. Ce gouvernement craint d’affronter un mouvement social de l’ampleur de celui que nous avons construit l’an dernier. Si nous voulons que le sommet nous serve nous devons nous y présenter avec un rapport de force. Celui-ci nous sera donné par le niveau de mobilisation que nous saurons mettre en place. En route vers le sommet, la rue nous attend un fois de plus : allons en finir avec la hausse !

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Le rapport Parent, une vraie consultation http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/le-rapport-parent-une-vraie-consultation/ http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/le-rapport-parent-une-vraie-consultation/#respond Fri, 25 Jan 2013 22:14:18 +0000 http://www.asse-solidarite.qc.ca/?post_type=ultimatum&p=1131 Le système d'éducation postsecondaire québécois tel qu'on le connaît est né durant la Révolution tranquille suite à ce qu'on peut qualifier de réelle consultation : la Commission Parent. À toutes les critiques envers le Sommet sur l'enseignement supérieur, il est important … Lire la suite

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Le système d'éducation postsecondaire québécois tel qu'on le connaît est né durant la Révolution tranquille suite à ce qu'on peut qualifier de réelle consultation : la Commission Parent. À toutes les critiques envers le Sommet sur l'enseignement supérieur, il est important d'ajouter le manque de perspectives historiques par le gouvernement péquiste. On tente de faire avaler à la population une réforme du système créé par les nombreuses rencontres et les longues réflexions de la Commission Parent, en la légitimant par une consultation de façade.

La Commission royale d'enquête sur l'enseignement dans la province de Québec fut créée par le gouvernement libéral de Jean Lesage, en 1961, dans le cadre de la Grande charte de l'éducation. Elle fait partie des nombreuses mesures réformistes de l'époque visant à faire sortir le Québec de l'époque de la Grande Noirceur. Elle prônait notamment l'affirmation de la culture québécoise par le rejet de l'éducation confessionnelle et la diminution des inégalités entre francophones et anglophones. Bien que cette consultation ne cherchait pas à la base à obtenir l'émancipation des individus et la démocratisation de l'éducation, mais avait plutôt des visées économiques et nationalistes, la réflexion alors menée demeure encore pertinente aujourd'hui dans les argumentaires en faveur d'une éducation publique, gratuite, laïque, de qualité, accessible et non-discriminatoire.

À la tête de cette commission, Mgr Alphonse-Marie Parent, alors recteur de l'Université Laval, mais aussi des figures tels que Guy Rocher, sociologue, et Paul Gérin-Lajoie, éventuel ministre de l'éducation. Il va sans dire que les femmes n'étaient pas très nombreuses dans cette démarche; néanmoins on dénote la présence de quelques religieuses, dont sœur Guylaine Roquet à titre de signataire. À l'instar des « grands témoins » du sommet actuel, leur mandat était d'établir les conclusions de cette commission d'enquête. Leur tâche ne se limitait toutefois pas à assister à quatre rencontres préparatoires, quatre animations citoyennes, une école d'hiver et à lire les commentaires publiés sur une page facebook. Les travaux de la commission Parent se sont échelonnés jusqu'en 1966, c'est-à-dire sur une période de 5 ans. Environ 240 mémoires ont été reçus et analysés et des établissements scolaires de d'autres pays furent visités et analysés. Cette enquête exhaustive mena à la rédaction d'un rapport en 5 tomes, le célèbre Rapport Parent. Divisées en trois volumes, la publication de ces conclusions débuta en 1963 avec le lancement d'un premier livre intitulé Les structures supérieures du système scolaire.

Ainsi, d'un programme libéral, où l'on souhaitait principalement devenir « Maîtres chez nous » et instruire la population pour moderniser tant socialement qu'économiquement la province, découle des conclusions assez intéressantes. Le rapport Parent réfute l'idée tant répété de nos jours selon laquelle l'éducation est d'abord et avant tout un investissement personnel. Le droit à l'éducation y est mis de l'avant en affirmant que « [...] dans une civilisation technique qui évolue vers la culture de masse, l'homme qui n'a fait que des études élémentaires est privé d'une part importante de sa liberté de penser et d'action; il risque d'être la victime du progrès technologique et le jouet de toutes les influences et de toutes les propagandes. »1 La gratuité scolaire se retrouve clairement évoquée : « L'éducation n'est plus, comme autrefois, le privilège d'une élite. La gratuité scolaire s'impose pour généraliser l'enseignement »2. Force est de constater que les gouvernements ne mettent pas systématiquement en place toutes les mesures suggérées par les rapports qu'ils commandent.

Toutefois, les nombreuses applications du rapport témoignent de sa pertinence et plusieurs ont encore une grande importance aujourd'hui. C'est notamment grâce à cette enquête sur l'enseignement que nous avons vu apparaître le Ministère de l'éducation, mais également les premières mesures visant à soutenir financièrement les étudiants et étudiantes et leur famille, la formation générale collégiale, l'instruction obligatoire gratuite jusqu'à 16 ans, et les commissions scolaires. C'est par la suite que Paul Gérin-Lajoie, alors qu'il était ministre de l'éducation, créa le réseau d'enseignement collégial et des Universités du Québec, un réseau public à la grandeur du territoire.

Il existait donc un modèle sommes toutes assez réussi de réforme de l'éducation au Québec, dont le Parti québécois aurait pu s'inspirer. Un travail de long haleine menant à des résultats non-partisans comme le Rapport Parent aurait pu être envisagé par le gouvernement péquiste, qui a plutôt choisi une instance de concertation « fast-food » pour légitimer une décision prise d'avance.

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Le refus évident http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/le-refus-evident/ http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/le-refus-evident/#respond Fri, 25 Jan 2013 22:11:41 +0000 http://www.asse-solidarite.qc.ca/?post_type=ultimatum&p=1129 Les mains, lèvres de leurs silences Leurs lèvres de coudes pliées, fermées Leurs oreilles bouchées de cire à voitures, de cire à chaussures Leurs souffles, poumons alvéolés de dénis crasseux, carbonés, nicotiniques Les muscles de leurs joues, contraction de leurs … Lire la suite

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Les mains, lèvres de leurs silences

Leurs lèvres de coudes pliées, fermées

Leurs oreilles bouchées de cire à voitures, de cire à chaussures

Leurs souffles, poumons alvéolés de dénis crasseux, carbonés, nicotiniques

Les muscles de leurs joues, contraction de leurs propres nombrils remplis de mousse

enfumée.

C’est fermé de partout, leurs valeurs écroulées, rangées dans les catacombes

la conscience de classe est devenue la conscience classée.

L’immondice de leurs crachoirs fiscaux,

viscosités qui se manifestent par le surplus, l’excessif, le cratère plein, la panse bourrée

Je me lève, hors table, hors de moi, hors de ses hordes d’ordinaires

Je retourne dans les hardes funestes de l’espoir.

Celui qui nourrit ta vie

de mille et un défis

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Rassemblement National Étudiant: Un consensus est trouvé, mais les fédérations manquent à l’appel http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/rassemblement-national-etudiant-un-consensus-est-trouve-mais-les-federations-manquent-a-lappel/ http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/rassemblement-national-etudiant-un-consensus-est-trouve-mais-les-federations-manquent-a-lappel/#respond Mon, 21 Jan 2013 04:41:46 +0000 http://www.asse-solidarite.qc.ca/?post_type=ultimatum&p=1066 Les 1er et 2 décembre derniers, à Trois-Rivières, l’Association pour une solidarité syndicale (ASSÉ) a tout mis en œuvre pour que se tienne le second Rassemblement national étudiant (RNÉ) de l’histoire du Québec. Il s’agissait d’une occasion pour toutes les … Lire la suite

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Les 1er et 2 décembre derniers, à Trois-Rivières, l’Association pour une solidarité syndicale (ASSÉ) a tout mis en œuvre pour que se tienne le second Rassemblement national étudiant (RNÉ) de l’histoire du Québec. Il s’agissait d’une occasion pour toutes les associations étudiantes locales de la province de revenir sur la très mouvementée grève du printemps dernier et pour se préparer ensemble en vue du sommet sur l’éducation supérieure. Mais voilà, pour avoir le pouls des associations, il faut minimalement qu’elles soient présentes, et il y avait malheureusement beaucoup d’absents et d’absentes.
Le fonctionnement de ce RNÉ était assez simple. Toutes les associations étudiantes locales, peu importe leur taille ou leur affiliation nationale (si elles en avaient une), ainsi que les comités de mobilisation ou autres groupes étudiants étaient convié‑e‑s. Cependant, seules les associations locales avaient le droit de vote. De plus, les exécutifs des organisations nationales étaient aussi invités, mais n’avaient pas le droit de prendre la parole si ce n’est un petit discours au début du rassemblement.
Sur la grève
Le RNÉ a rapidement souligné que, sans la grève générale illimitée, jamais nous n’aurions obtenu le gel des frais de scolarité et que la mobilisation populaire et un syndicalisme combatif et démocratique sont essentiels à l’élaboration d’un rapport de force efficace. De plus, tous et toutes se sont entendu‑e‑s pour féliciter la solidarité entre les associations, qui a permis de tenir tête au gouvernement et de faire respecter les mandats de grève votés démocratiquement. Du même souffle, les associations ont condamné la judiciarisation du conflit étudiant qui continue de sévir. Ainsi, le résultat de ce vote est que le RNÉ exige dès maintenant le retrait des charges criminelles, civiles et institutionnelles envers les arrêté‑e‑s, les étudiants et étudiantes et professeur‑e‑s qui vivent les représailles de l’État et des administrations scolaires.
Sur le sommet du Parti Québécois
Quant au sommet, les associations étudiantes présentes se sont montrées très critiques quant à la forme que celui-ci a prise. Les réunions s’enchaînent trop rapidement, le temps de présentations permettant aux invité‑e‑s de défendre leur point de vue est trop restreint, le tout souffrant d’un empressement qui ne peut être que néfaste pour un réel débat d’idées. En ce sens, le RNÉ a pris la position de revendiquer la tenue de véritables états généraux plutôt que le sommet actuel.
Aussi, le RNÉ appelle les associations étudiantes à participer à une manifestation nationale à Montréal, en marge du sommet sur l’éducation supérieure, revendiquant une éducation accessible, émancipatrice, libre de l’ingérence des élites économiques et non discriminatoire.
Les absents et absentes
Nous avons pu constater que les associations locales participant au RNÉ étaient en accord sur de nombreux points. Et il est bien là le problème. Car la plupart des associations présentes provenaient soit de l’ASSÉ soit de la Table de concertation universitaire du Québec (TACEQ) ou n’avaient aucune affiliation nationale. En fait, des soixante-treize associations présentes, seulement deux étaient membres de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et sept étaient affiliées à la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ). Pire encore, les exécutants nationaux de ces fédérations ont même refusé d’user de leur point de présentation en début de rassemblement.
Il y a maintenant lieu de se questionner sur les raisons qui ont poussé la FEUQ et la FECQ à boycotter une instance de concertation entre les différents groupes étudiants. Est-ce parce que le RNÉ était logistiquement organisé par l’ASSÉ, parce que la confrontation des différents processus démocratiques ne leur convenait pas ou pour une autre raison?
Bref, ces organisations nationales ont refusé de participer à un exercice démocratique qui, bien que non décisionnel, a un pouvoir symbolique et unificateur non négligeable. Même si ces organisations, pour des raisons stratégiques et idéologiques, n’ont pas voulu participer au RNÉ, les associations locales se devaient d’être présentes. Il est essentiel que nous puissions collectivement faire le point sur ce que nous avons accompli et sur ce qu’il nous reste à faire.
Malgré ce heurt, le RNÉ n’aura pas été inutile. Il aura permis de constater le nombre impressionnant d’associations étudiantes partageant les mêmes buts concernant l’éducation postsecondaire et la nécessité de continuer à se mobiliser pour défendre cette vision commune.

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