Ultimatum mars 2013 – ASSÉ http://www.asse-solidarite.qc.ca Association pour une solidarité syndicale étudiante Tue, 30 Apr 2019 03:59:53 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 Compressions budgétaires en éducation: Le PQ dans une continuité néolibérale http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/compressions-budgetaires-en-education-le-pq-dans-une-continuite-neoliberale/ http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/compressions-budgetaires-en-education-le-pq-dans-une-continuite-neoliberale/#respond Thu, 07 Mar 2013 17:00:38 +0000 http://www.asse-solidarite.qc.ca/?post_type=ultimatum&p=1648 Le Parti Québécois l'a fièrement annoncé, l'atteinte du déficit zéro se fera l'an prochain, peu importe les conséquences que cela engendrera pour la population. L'éducation supérieure sera, pour une troisième année de suite, l'une des victimes de ce dogme économique. … Lire la suite

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Le Parti Québécois l'a fièrement annoncé, l'atteinte du déficit zéro se fera l'an prochain, peu importe les conséquences que cela engendrera pour la population. L'éducation supérieure sera, pour une troisième année de suite, l'une des victimes de ce dogme économique. Nous avons ainsi appris, peu de temps après son élection, que le gouvernement péquiste imposerait des compressions de 21,5 millions pour le réseau collégial et de 250 millions en deux ans aux universités, ce qui ne faisait évidemment pas partie de la stratégie éléctorale péquiste lors des élections. L'image progressiste que le Parti québécois laissait miroiter pendant la grève étudiante en prend ainsi un coup (parmi tant d'autres déjà...). Les compressions sont lourdes de conséquences et le caractère antidémocratique de nos administrations nous empêche d'en saisir l'impact immédiat, puisque l'information sur la gestion des coupures est difficilement accessible.

Il faut savoir que les communautés universitaires et collégiales sont prises entre deux feux. C'est-à-dire entre la volonté du gouvernement de limiter abusivement ses dépenses d'un côté, et de l'autre, les gestionnaires technocrates qui dominent les conseils d'administration dans nos institutions scolaires. En effet, si l'État ne peut intervenir directement dans la gestion des budgets des cégeps et universités, il détermine tout de même le montant des enveloppes budgétaires remises aux bonnes grâces d'une fameuse « autonomie institutionnelle ». Si des compressions sévissent, nos administrateurs et administratrices, tout aussi obsédé-e-s par le déficit zéro, choisiront pour nous où couper.

Le sens des priorités
Malheureusement, ces coupes touchent bien rarement les salaires des gestionnaires, les développements immobiliers aventuristes ou encore, les dépenses technologiques superficielles tels que les tableaux interactifs ou les licences de logiciels propriétaires1. Bien sûr, cette situation est aussi le résultat d'une segmentation du financement des différents postes budgétaires. Comme le démontre la Fédération québécoise des professeures et professeurs d'université (FQPPU), l'argent provenant du gouvernement prévu pour le fonctionnement (enseignement, soutien, services à la collectivité, etc.) des institutions est systématiquement amputé par les administrations locales pour être transféré dans le fonds d'immobilisation (assurant, entre autres, l'entretien des bâtiments) Celui-ci serait, contrairement aux autres fonds, sous-financé relativement à l'augmentation de l'effectif étudiant. Ce transfert de fonds occasionne des coupures de postes et de services qui sont, plus souvent qu'autrement,  nécessaires à la qualité de l'éducation : psychologues, intervenant-e-s psychosociaux, infirmières et infirmiers, bibliothèques, vie étudiante, centres d'aide à la réussite, etc. Le collège de Maisonneuve, où presque tout ces éléments ont été affectés, représente un cas typique des conséquences de ces compressions. Tout cela se déroule alors que, par le biais du fédéral ou d'autres ministères, des sommes astronomiques sont injectées dans domaines de recherche qui sont, le plus souvent, à teneur commercialisable.

Une solution logique : l'autogestion des institutions

Face à cela, l'ASSÉ défend une position qui relève d'une logique toute simple : remettons la gestion des institutions entre les mains de ceux et celles qui l'habitent, qui sont sa raison d'être et sa colonne vertébrale, les étudiant-e-s, les enseignant-e-s, les employé-e-s de soutien et les professionnel-le-s. Il paraît est en fait surréaliste que nous n'ayons pas le poids suffisant dans les structures administratives pour empêcher une décision ou aller de l'avant avec une autre. C'est pourquoi il importe d'envisager des réels moyens de pression pour défendre la qualité de nos écoles. Les compressions sont une occasion importante pour les associations étudiantes et les syndicats locaux de se solidariser autour d'une lutte commune. L'exemple du collège de Maisonneuve, est encore une fois, intéressant : quelques assemblées ouvertes regroupant des membres de la communauté interne on eut lieu pour échanger sur les préoccupations des différents groupes et pour établir un plan d'action commun. Un premier pas était, pour plusieurs d'entre eux, de prendre une position, dans leurs assemblées respectives, pour exiger que le conseil d'administration adopte un budget déficitaire en guise de protestation à l'austérité péquiste. Évidemment, même dans un contexte d'autogestion, il faudrait également que l'État cesse sa politique de compressions surprises, aux conséquences parfois dramatiques, pour assurer une stabilité dans le financement. Il y a fort à parier que des institutions contrôlées par leur communauté interne, auraient le courage d'offrir une réelle opposition à de telles compressions et n'hésiteraient pas, contrairement aux administrations actuelles, à adopter des budget déficitaires lorsque la qualité de l'éducation est réellement menacée.

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Sexisme en milieu militant: Déconstruction, privilèges et remises en question http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/sexisme-en-milieu-militant-deconstruction-privileges-et-remises-en-question/ http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/sexisme-en-milieu-militant-deconstruction-privileges-et-remises-en-question/#respond Thu, 07 Mar 2013 16:54:23 +0000 http://www.asse-solidarite.qc.ca/?post_type=ultimatum&p=1644 Quand il est question de sexisme en milieu militant, le plus frappant est le traitement fait au féminisme dans certains groupes. Il n’est pas question d’un sexisme ordinaire encouragé par la société, qui est lui aussi présent, mais de comportements … Lire la suite

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Quand il est question de sexisme en milieu militant, le plus frappant est le traitement fait au féminisme dans certains groupes. Il n’est pas question d’un sexisme ordinaire encouragé par la société, qui est lui aussi présent, mais de comportements dirigés vers la critique des privilèges. Quand s’extasie-t-on devant l’étendue de l’influence d’un comité femmes? Le scénario courant sur les campus en est un de combat constant pour justifier son existence et non pour l’épanouissement.

Le sexisme en milieu militant prend des formes très diverses selon le contexte, la culture et la structure du groupe qui l’héberge. Allant du langage de domination aux doubles standards en passant par un sexisme assumé, le sexisme n’épargne pas la sphère qui est supposée le combattre.

Un point dans le milieu militant semble toutefois être quasi unanime : cette forme de domination est inacceptable. Pourquoi est-il aussi présent donc? Une partie de la réponse se trouve dans l’ignorance, le déni et parfois même la mauvaise foi. Voilà ce qui explique le refus de déconstruire ses privilèges de la part de beaucoup de militants et militantes en bénéficiant, peu importe comment ces privilèges sont vécus, traînant le groupe entier avec eux dans le sexisme : La séduction, le haussement de ton ou le transfert du débat sur un terrain personnel mettent nécessairement des militants et militantes dans des situations favorables pour des raisons éloignées de la pertinence et du respect.

L’entrée du féminisme dans un groupe ne s’arrête pas à l’implantation de nouvelles règles de conduites ou à l’adoption de beaux principes et c’est souvent à ce stade que le sexisme le plus violent survient. On assiste alors à une levée de boucliers de la part des personnes bénéficiant des habitudes remises en question. Le langage de domination, le sexisme ordinaire ou le sens commun deviennent alors des dogmes contre lesquels il est souvent difficile de s’armer.

Le sexisme en milieu militant se glisse aussi dans les disparités et contradictions à l’intérieur même du féminisme. Ainsi, des critiques internes aux différents courants féministes sont utilisées pour discréditer l’implantation d’une perspective au sein d’un groupe. Cette pratique est pernicieuse, car en dehors du fait qu’aucune perspective féministe n’est prônée en bout de ligne, les critiques semble être apportées par un ou une alliée.

En plus de ces formes malheureusement rampantes de sexismes, une dynamique précise permet à la domination de germer : « l’invisibilité » du sexisme. Comme le concept d’hétérosexualité qui n’a pas été soulevé avant sa remise en question, dans beaucoup de groupe militant, le sexisme reste invisible car il n’y a rien à lui opposer ou si peu. Les pratiques sexistes sont donc jugées « acceptables » puisque que toute autre perspective est absente. Comment combattre quelque chose qui n’a pas de forme?

Le sexisme en milieu militant n’est pas tellement différent du sexisme général et ordinaire vécu dans la société. Il est seulement plus inacceptable puisque notre milieu se targue de vouloir le déconstruire, le combattre et l’éliminer. Malgré tout, nous en sommes infectés-e-s. Sans prendre un ton pessimiste, il n’existe pas de solution miracle à cette forme d’oppression dans nos rangs. Toutes dominations doivent être débusquées pour être combattues.

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La situation des parents-étudiants: Les femmes, la maternité et l’université : une histoire de sexisme http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/la-situation-des-parents-etudiants-les-femmes-la-maternite-et-luniversite-une-histoire-de-sexisme/ http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/la-situation-des-parents-etudiants-les-femmes-la-maternite-et-luniversite-une-histoire-de-sexisme/#respond Thu, 07 Mar 2013 16:49:59 +0000 http://www.asse-solidarite.qc.ca/?post_type=ultimatum&p=1639 Les parents-étudiants composeraient de 15 à 25 % de la population étudiante de l'Université Laval et seraient jusqu'à 40 % dans certains domaines . Dans le réseau des universités du Québec, l'enquête ICOPE recensait 23% de parents parmi les nouveaux … Lire la suite

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Les parents-étudiants composeraient de 15 à 25 % de la population étudiante de l'Université Laval et seraient jusqu'à 40 % dans certains domaines . Dans le réseau des universités du Québec, l'enquête ICOPE recensait 23% de parents parmi les nouveaux étudiants en 2006 . Malgré leur présence importante, aucun aménagement dans les règlements des études ne balise leur situation spécifique. Et c'est le cas pour la grande majorité des institutions d'enseignement postsecondaire ...

Concrètement...
Concrètement, cela veut dire que l'étudiante enceinte ne peut demander aucun congé de maternité. Elle doit se croiser les doigts pour accoucher en mai ou en juin afin qu'elle puisse être de retour aux études à temps plein à l'automne. Elle doit aussi espérer que sa grossesse se passe bien, qu'elle ne soit pas trop fatiguée ou nauséeuse pour réaliser l'étendue des lectures, travaux et exercices pratiques que demandent les études.

Le « problème du temps partiel »
Si cette étudiante choisit d'étudier à temps partiel à cause de symptômes de grossesse importants ou pour limiter le temps de séparation avec son nouveau-né (parce qu'elle allaite par exemple ou parce qu'elle ne peut pas compter sur une personne affectueuse de confiance pour s'occuper du bébé pendant les heures de cours ou par choix), elle est privée, comme si on la punissait, de tous les avantages du temps plein.

Les avantages du temps plein, ce sont des incitatifs qui servent à encourager les personnes à adopter un cheminement régulier à temps plein. C'est moins coûteux pour les universités et plus facile pour leur gestion. Cependant, ces avantages créent des classes privilégiées et des classes discriminées (c'est noir ou blanc, régulier ou irrégulier). En effet, pour plusieurs étudiant-e-s, étudier à temps plein de façon régulière est impossible. C'est pourquoi on les appelle des privilèges.

Une question de privilèges et de discrimination
Les privilèges du temps plein, c'est le droit de payer son transport en autobus à un coût modique, c'est l'accès à des résidences sur le campus, c'est l'accès à un local aux cycles supérieurs pour travailler et installer ses documents et outils de recherche, c'est l'admissibilité à des bourses de milliers de dollars qui non seulement améliorent la qualité de vie, mais paraissent très bien sur un CV pour obtenir un emploi ou bien de nouvelles bourses. C'est aussi l'admissibilité aux subventions études-travail et aux emplois sur le campus (auxiliaires de recherche ou d'enseignement) qui permettent de garnir un CV d'expériences reliées à notre domaine de formation. Bref, il s'agit bien de privilèges.

Pourquoi cette étudiante enceinte en serait-elle soudainement privée tandis qu'un-e autre étudiant-e en bénéficierait non pas en fonction de son excellence, de ses compétences ou de son expertise, mais simplement parce qu'il ou elle étudie à temps plein?

On comprend bien ici que le « problème du temps partiel » que l'APETUL a souvent dénoncé, n'est pas un problème vécu par une minorité de parents : 72% des parents étudiants au premier cycle et 65% au second étudient à temps partiel contre 25% des autres étudiant-e-s au premier cycle et 35% au second .

Une question de sexisme : quand on considère qu'un problème n'en est pas un
De plus, ce problème est surtout féminin. Les statistiques le prouvent : environ 70% des parents étudiants sont des femmes . Les femmes portent, accouchent et s'occupent généralement des enfants en bas âge, par choix, par manque d'alternatives ou par conditionnement social dans le dernier cas, mais par obligation biologique dans les deux premiers. Nous avons donc affaire à du sexisme indirect : les femmes sont les bienvenues aux études supérieures... tant qu'elles ne font pas d'enfants! De fait, on n'a pas prévu les accommoder!

Cela explique également pourquoi cette situation ne trouve pas rapidement de solutions : elle n'est pas perçue comme étant problématique! C'est qu'en fait, les femmes ne devraient pas avoir des enfants pendant leurs études. Il est donc normal qu'elles soient discriminées si elles ne respectent pas cette règle simple et fondamentale! Les femmes sont relativement nouvelles dans les universités . Et la maternité, malgré la prolongation de la durée des études universitaires, n'y est pas encore la bienvenue.

Regarder le problème du mauvais côté : préjugés et amertume
Pourquoi? Parce que l'avancement des femmes est coincé entre le discours social et le discours d'anciennes féministes déçues. Les femmes sont victimes du message de la société qui leur dit « il faut choisir entre carrière et famille », message qui dit implicitement que la famille est le rôle naturel de la femme, puisqu'on s'attend à ce que celle-ci quitte sa carrière pour sa famille, et non l'inverse! Elles sont également victimes des femmes déçues qui crient « You can't have it all ! » en réponse à la deuxième vague de féministes qui a affirmé que nous pouvions TOUT avoir. Mais cesser de critiquer le discours social et mettre les problèmes actuels des femmes sur le dos de celles-ci, c'est prendre le problème du « mauvais bord »!

Regarder le problème du bon côté : besoin d'aménagements structurels
Du côté de l'APETUL, nous croyons que nous pourrons tout avoir dans un monde où il existera de nombreux choix en matière d'articulation travail-famille-études qui respecteront nos désirs, nos valeurs et nos convictions. Ces choix devront être rendus possibles par des aménagements : la mise en place de mesures pour éviter toute discrimination sur la base du « régime » d'études (temps plein ou temps partiel), la création d'un statut de parent étudiant et d'une politique familiale souple mais encadrante qui reconnaîtront enfin notre statut spécifique et nos besoins particuliers.

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Entrevue avec Idle No More: Les femmes et l’éducation dans les communautés autochtones http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/entrevue-avec-idle-no-more-les-femmes-et-leducation-dans-les-communautes-autochtones/ http://www.asse-solidarite.qc.ca/ultimatum/entrevue-avec-idle-no-more-les-femmes-et-leducation-dans-les-communautes-autochtones/#respond Thu, 07 Mar 2013 16:45:35 +0000 http://www.asse-solidarite.qc.ca/?post_type=ultimatum&p=1636 Pouvez-vous résumer en quelques mots votre mouvement et la lutte qu'il porte en ce moment? Idle No More (Fini l'inertie) est un cri du cœur de la population autochtone vis-à-vis les politiques du gouvernement fédéral conservateur qui prennent forme sous des … Lire la suite

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Pouvez-vous résumer en quelques mots votre mouvement et la lutte qu'il porte en ce moment?
Idle No More (Fini l'inertie) est un cri du cœur de la population autochtone vis-à-vis les politiques du gouvernement fédéral conservateur qui prennent forme sous des lois et projets de loi omnibus tels que C-38 et C-45, qui mettent en danger la démocratie, les droits des Premières Nations et l'environnement. Il faut comprendre que ces politiques sont la goutte qui a fait déborder le vase, puisque le conflit actuel provient d’une situation d’oppression envers les peuples autochtones qui dure depuis des siècles. Idle No More amène aussi à l'avant-scène la dégradation des relations entre les peuples autochtones et le gouvernement au cours des dernières années. Le mouvement tend aussi à vouloir créer des liens de solidarité avec les allochtones pour se défendre contre ces lois qui nous affectent tous.

Quelle place accordez-vous à l'éducation dans le cadre de votre propre lutte?


Depuis les débuts du mouvement, nous avons mis de l'avant des aspects culturels à travers les protestations publiques, telles que les danses, les chants et les tambours traditionnels. Il y a aussi les « teach-in », périodes d'information ayant lieu pour offrir de l'éducation politique, populaire et sociale sur les questions autochtones, autant aux autochtones qu'aux allochtones. Un des aspects qui est mis de l'avant est le manque à gagner au niveau de l'éducation à l'échelle nationale sur les questions autochtones et sa quasi absence dans les curriculums scolaires, ce qui cause une méconnaissance de la part des allochtones sur les enjeux et les causes des autochtones, qui sont au cœur du mouvement.

Quel est l'état de l'éducation dans les réserves autochtones?


Les enfants et les jeunes autochtones sur réserve n’ont pas accès au même apprentissage que le reste de la population puisque l’éducation dans les communautés autochtones, qui est sous compétence fédérale, est sous-financée. Le gouvernement fédéral consacre en moyenne 3000$ de moins par élève autochtone que ce que les provinces consacrent pour les élèves dont elles ont la responsabilité. Nous voyons aussi trop souvent les établissements scolaires être inadéquats aux besoins et à la sécurité des enfants (ex: pas de laboratoire, absence de gymnases, bâtiments aux prises avec des moisissures, écoles dans des roulottes...) D’ailleurs, depuis le 25 février 2013, le Gouvernement du Canada comparaît devant le Tribunal canadien des droits de la personne pendant 14 semaines d'audience pour déterminer si son programme inéquitable et défaillant de services à l'enfance et à la famille des Premières Nations, dont l’éducation, est discriminatoire.
Le taux de décrochage est aussi un des plus élevés de la population. De plus, selon une étude sur l’éducation chez les Autochtones au Québec, publiée par l’Institut C. C. Howe en 2011, les Autochtones québécois sont en moyenne moins bien éduqués que l’ensemble des Autochtones canadiens, qui sont eux-mêmes moins bien éduqués que l’ensemble de la population canadienne. Pour ce qui est des études post-secondaires, une étude de Statistiques Canada en 2006 indique que la proportion de diplômé-es universitaires est trois fois plus faible chez les Autochtones que dans le reste de la population.

Comment devraient être les écoles autochtones?


Il faudrait tout d’abord qu’il y ait des écoles primaires et secondaires dans toutes les communautés autochtones, ce qui n’est pas le cas actuellement. Beaucoup de jeunes autochtones doivent aller à l’école à l’extérieur de leur communauté et vivent un choc culturel et du racisme. Nous aimerions également être autonomes et avoir nos propres autorités scolaires, qui nous permettraient notamment de développer des programmes scolaires adaptés à nos langues, nos cultures et nos valeurs. Nous espérons voir plus d’initiatives telles que l’Institution Kiuna qui se trouve dans la communauté d’Odanak et qui est dédiée à l’éducation des autochtones du Québec. Pour les institutions post-secondaires en général, il devrait y avoir davantage de ressources pour les associations d’étudiants et étudiantes autochtones qui pourraient notamment être en charge de programmes d’adaptation pour les jeunes autochtones qui ont quitté leur communauté, afin de mieux les encadrer.

Comment les associations étudiantes qui luttent pour la défense des droits des étudiants et étudiantes de toutes origines peuvent-elles défendre le droit des autochtones à une éducation émancipatrice?


Les associations étudiantes peuvent nous aider notamment en appuyant officiellement les luttes des peuples autochtones et les pressions qu’ils exercent auprès des gouvernements, en faisant des pressions auprès de leurs institutions scolaires afin qu’il y ait davantage de ressources de soutien académique et moral pour les étudiants autochtones et en favorisant le dialogue et les échanges entre autochtones et allochtones. Il est également essentiel de reconnaître l'identité distincte des peuples autochtones au Canada. Il faut permettre aux Autochtones de travailler d'égal à égal, plutôt que de viser une intégration au système en place. L'histoire nous a montré les ravages qu’une approche assimilatrice a eu sur l'identité et la culture des Premières Nations.

Quels sont les obstacles pour l'accès à l'éducation des Autochtones?


L’éloignement, l’isolement, la pauvreté et l’absence ou l’insuffisance de soutien financier, le choc culturel et les difficultés d’adaptation, le racisme et les préjugés, le manque de motivation et de confiance et les difficultés de la conciliation travail-études-famille.

Quelle est la place des femmes dans le mouvement actuel?


Les femmes occupent une place centrale au sein du mouvement. Il a été initié par des femmes et la plupart de ses leaders à travers le pays sont des femmes. Les femmes autochtones ont une sensibilité qui leur est propre et le bien-être de leur communauté et de leur peuple leur tient à cœur. C’est pour cette raison qu’il y a beaucoup de femmes qui sont des leaders dans leur communauté et qui ressentent le besoin d’agir, d’autant plus qu’elles sont particulièrement touchées par différentes discriminations en tant que femmes et autochtones à la fois. Aussi, les organisations politiques autochtones et le système des conseils de bande sont surtout dirigés par des hommes et la voix des femmes y est souvent ignorée, mais ce n’est pas représentatif du rôle traditionnel que les femmes avaient dans les communautés autochtones puisque le système actuel est une création du gouvernement fédéral canadien.

Y a-t-il des obstacles particuliers pour l'accès à l'éducation des femmes autochtones? Lesquels?


Les femmes autochtones sont doublement discriminées et marginalisées en tant que femmes et autochtones à la fois. Au Canada, elles continuent de souffrir de pauvreté et de violence davantage que le reste de la population autochtone et de la population canadienne en général. De plus, selon une étude de Statistique Canada en 2007, les femmes autochtones enregistrent un taux de monoparentalité deux fois plus élevé que celui des femmes non autochtones. Selon cette même étude, « les responsabilités familiales » représentent la raison la plus souvent invoquée pour les études post-secondaires inachevées, alors que « la grossesse ou les soins des enfants » constitue l’explication la plus fréquente de l’abandon des études secondaires.

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