20 janvier 2013
La grève étudiante de 2012 a marqué les esprits par sa durée, son intensité, la diversité des actions et l’ampleur de la participation étudiante. De janvier à septembre, plus de 400 événements ont eu lieu. La force de cette grève peut s’expliquer, notamment, par l’escalade des moyens de pression qui l’a précédée, le respect de la diversité des tactiques et la légitimité de nos actions à l’interne.
Au cours de la grève, les différents types d’actions organisées cohabitaient avec harmonie afin d’atteindre ces objectifs : élargir le mouvement de grève, consolider les appuis sur les campus, renforcer le rapport de force et se défendre contre les attaques du gouvernement.
Regard sur les visées des actions
Certaines actions avaient pour but d’augmenter la légitimité du mouvement, tant auprès des grévistes qu’aux yeux de la population en général. Par exemple, les grandes manifestations comme celles du 22 mars et du 22 mai ont démontré qu’une forte proportion des grévistes prenait part au mouvement. Par conséquent, la couverture médiatique favorable que nous ont attirée ces évènements ont augmenté nos appuis. Les actions dites symboliques créent également cet effet. Ce sont des actions de petite envergure qui présentent un aspect théâtral ou créatif et qui sont généralement légales. Le but est d’attirer l’attention de la population et de passer un message à l'aide de symboles.
Les actions offensives visaient à perturber l’économie et l’État afin de forcer le gouvernement à réagir. La grève générale illimitée elle-même est, à la base, un moyen de perturbation, car elle retarde la diplomation des cohortes. Plus généralement, ces actions consistent en des actes de désobéissance civile comme les blocages (de lieux ou de routes, stratégiques ou symboliques). À noter : celles-ci ont été plus fréquentes et leur taux de participation plus élevé que pendant la dernière grève étudiante, en 2005.
Les actions défensives, quant à elles, visaient à protéger la pérennité du mouvement. Les blocages d'institutions d'enseignement pour empêcher les administrations d'outrepasser les votes de grève en forçant le retour en classe sont l’exemple plus connus. Des actions ont aussi été organisées pour protester contre la répression policière, contre les injonctions et contre la loi 12.
Coup d’œil sur la grève de 2012 — Un exemple de réussite
La mobilisation contre la hausse des frais de scolarité s'est construite étape par étape. Au début, les militants et les militantes ont organisé des actions symboliques afin que chaque personne puisse poser un geste et participer à l'escalade des moyens de pression. Par exemple, à l’UQAM, il y a eu l’Envol des frais de scolarité : les étudiantes et les étudiants ont jeté en même temps une facture scolaire pliée en avion du haut des différents étages de l’Agora. La manifestation du 10 novembre 2011 est aussi un exemple important. Ainsi, pendant la phase de construction de la grève, les actions se sont enchaînées afin de faire monter la pression sur le gouvernement avant de déclencher une grève illimitée.
Puis, nous avons augmenté la pression avec une phase offensive. Dès le début de la grève, plusieurs blocages économiques ont eu lieu, dont celui de la Tour de la bourse, le 16 février, et celui de Loto-Québec, le 7 mars. Pendant ce temps, le mouvement s’élargissait. Plusieurs campus sont entrés en grève, des groupes artistiques se sont créés autour de cet enjeu, les actions symboliques se sont multipliées, les manifestations sont devenues quotidiennes : plus de grévistes, plus de visibilité, plus de pression. Le 22 mars, une manifestation monstre rassemblant 200 000 personnes a eu lieu. Les arts et les communications ont joué un rôle important dans la diffusion de nos revendications. Pensons notamment à l'École de la montagne rouge1 qui a apporté une esthétique visuelle à la grève, à CUTV2 pour leur diffusion d'images des manifestations et à Fermaille3 pour son espace de création littéraire.
Suite au mépris du gouvernement et à l’absence de réelles négociations, le mouvement est entré dans une phase défensive. Dès le 12 avril, les injonctions pleuvent sur les campus, et les actions de perturbations ont été délaissées afin de protéger les mandats de grève. Face à la loi 12, les manifestations de nuit sont devenues quotidiennes, et les manifestations de casseroles sont apparues. 200 000 personnes étaient dans la rue le 22 mai contre cette loi spéciale. Plusieurs éléments, présents dès la construction de la grève, ont permis au mouvement de devenir véritablement populaire : la décentralisation des actions, le soutien à la désobéissance civile et le respect de la diversité des tactiques.
La force de la grève : la démocratie directe
La coordination au jour le jour de la grève était décentralisée, horizontale et démocratique. En effet, les revendications politiques et les grandes orientations du plan d’action étaient décidées en assemblée générale et étaient respectées par les groupes organisant les actions. Ainsi, tous les grévistes se sentaient impliquées et impliqués; ils et elles pouvaient participer aux actions et, du même coup, à l’escalade des moyens de pression. En s'organisant d'abord en groupes affinitaires, c'est-à-dire dans leur réseau, avec des personnes de confiance, les grévistes présentaient ensuite leur projet dans leur assemblée générale, et parfois, pour les actions nécessitant une plus grande participation, demandaient l’appui de la Coalition Large de l'Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante (CLASSE).
Plus important encore, si la grève étudiante a été un succès, si la plupart des injonctions n'ont pas permis le retour en classe et si la participation aux actions de perturbation (blocages, manif-actions, manifestations de nuit) a été si massive, c’est en grande partie grâce à la forte légitimité interne de notre mouvement et à notre appui solide de la population. Au final, le véritable moteur de la grève, c'était nous : notre participation au jour le jour à l'élaboration du discours, aux actions et aux orientations politiques. Et c'est grâce à la démocratisation de notre grève que nous avons pu acquérir une telle légitimité.
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