25 janvier 2013
Le système d'éducation postsecondaire québécois tel qu'on le connaît est né durant la Révolution tranquille suite à ce qu'on peut qualifier de réelle consultation : la Commission Parent. À toutes les critiques envers le Sommet sur l'enseignement supérieur, il est important d'ajouter le manque de perspectives historiques par le gouvernement péquiste. On tente de faire avaler à la population une réforme du système créé par les nombreuses rencontres et les longues réflexions de la Commission Parent, en la légitimant par une consultation de façade.
La Commission royale d'enquête sur l'enseignement dans la province de Québec fut créée par le gouvernement libéral de Jean Lesage, en 1961, dans le cadre de la Grande charte de l'éducation. Elle fait partie des nombreuses mesures réformistes de l'époque visant à faire sortir le Québec de l'époque de la Grande Noirceur. Elle prônait notamment l'affirmation de la culture québécoise par le rejet de l'éducation confessionnelle et la diminution des inégalités entre francophones et anglophones. Bien que cette consultation ne cherchait pas à la base à obtenir l'émancipation des individus et la démocratisation de l'éducation, mais avait plutôt des visées économiques et nationalistes, la réflexion alors menée demeure encore pertinente aujourd'hui dans les argumentaires en faveur d'une éducation publique, gratuite, laïque, de qualité, accessible et non-discriminatoire.
À la tête de cette commission, Mgr Alphonse-Marie Parent, alors recteur de l'Université Laval, mais aussi des figures tels que Guy Rocher, sociologue, et Paul Gérin-Lajoie, éventuel ministre de l'éducation. Il va sans dire que les femmes n'étaient pas très nombreuses dans cette démarche; néanmoins on dénote la présence de quelques religieuses, dont sœur Guylaine Roquet à titre de signataire. À l'instar des « grands témoins » du sommet actuel, leur mandat était d'établir les conclusions de cette commission d'enquête. Leur tâche ne se limitait toutefois pas à assister à quatre rencontres préparatoires, quatre animations citoyennes, une école d'hiver et à lire les commentaires publiés sur une page facebook. Les travaux de la commission Parent se sont échelonnés jusqu'en 1966, c'est-à-dire sur une période de 5 ans. Environ 240 mémoires ont été reçus et analysés et des établissements scolaires de d'autres pays furent visités et analysés. Cette enquête exhaustive mena à la rédaction d'un rapport en 5 tomes, le célèbre Rapport Parent. Divisées en trois volumes, la publication de ces conclusions débuta en 1963 avec le lancement d'un premier livre intitulé Les structures supérieures du système scolaire.
Ainsi, d'un programme libéral, où l'on souhaitait principalement devenir « Maîtres chez nous » et instruire la population pour moderniser tant socialement qu'économiquement la province, découle des conclusions assez intéressantes. Le rapport Parent réfute l'idée tant répété de nos jours selon laquelle l'éducation est d'abord et avant tout un investissement personnel. Le droit à l'éducation y est mis de l'avant en affirmant que « [...] dans une civilisation technique qui évolue vers la culture de masse, l'homme qui n'a fait que des études élémentaires est privé d'une part importante de sa liberté de penser et d'action; il risque d'être la victime du progrès technologique et le jouet de toutes les influences et de toutes les propagandes. »1 La gratuité scolaire se retrouve clairement évoquée : « L'éducation n'est plus, comme autrefois, le privilège d'une élite. La gratuité scolaire s'impose pour généraliser l'enseignement »2. Force est de constater que les gouvernements ne mettent pas systématiquement en place toutes les mesures suggérées par les rapports qu'ils commandent.
Toutefois, les nombreuses applications du rapport témoignent de sa pertinence et plusieurs ont encore une grande importance aujourd'hui. C'est notamment grâce à cette enquête sur l'enseignement que nous avons vu apparaître le Ministère de l'éducation, mais également les premières mesures visant à soutenir financièrement les étudiants et étudiantes et leur famille, la formation générale collégiale, l'instruction obligatoire gratuite jusqu'à 16 ans, et les commissions scolaires. C'est par la suite que Paul Gérin-Lajoie, alors qu'il était ministre de l'éducation, créa le réseau d'enseignement collégial et des Universités du Québec, un réseau public à la grandeur du territoire.
Il existait donc un modèle sommes toutes assez réussi de réforme de l'éducation au Québec, dont le Parti québécois aurait pu s'inspirer. Un travail de long haleine menant à des résultats non-partisans comme le Rapport Parent aurait pu être envisagé par le gouvernement péquiste, qui a plutôt choisi une instance de concertation « fast-food » pour légitimer une décision prise d'avance.
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