25 janvier 2013
Le débat fait rage : l'annulation de la hausse des frais de scolarité a poussé les rectrices et recteurs d'université à crier encore plus fort au sous-financement des universités. Mais derrière les discours résolument comptables dont la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CRÉPUQ) est la voix la plus forte, on dissimule mal un manque de volonté de débattre des enjeux de fonds. À quoi doit servir l'argent supplémentaire ou, plus largement, quelles sont les finalités de l'université?
Le sous-financement en question
En 2010, la CRÉPUQ chiffrait le sous-financement des universités québécoises à 620 M$i. Pour y arriver, elle comparait le total des revenus des universités par étudiante et étudiant au Québec et dans les autres provinces canadiennes.
Conclure au sous-financement universitaire sur cette base apparaît être une grossière maladresse méthodologique, car c’est faire fi des finalités de l'enseignement supérieur. En effet, l'adoption d'une base comparative pour discuter du financement des universités ne permet pas un réel débat sur celui-ci : elle ne fait qu'encourager la concurrence déjà grande entre les universités.
Une autre analyse concluant au sous-financement des universités est celle portant sur le déficit cumulé des universités québécoises. Bien qu'à première vue cette méthode semble plus fiable, on peut s’interroger sur les causes de ce déficit. En particulier, on peut constater que lorsqu'on parle de déficit des universités, on parle en fait du déficit du fonds de fonctionnement des universités. On ne fonde donc des comparaisons que sur une partie du budget dédié aux universités.ii
Et s'il était plutôt question de mal-financement?
Mais le débat se poursuit au-delà des chiffres et des budgets totaux. Il s'agit de se demander le type d'université que nous voulons. En effet, la comparaison trompeuse faite par la CRÉPUQ n'est pas dépourvue de fondements idéologiques. Au-delà de la nécessité de justifier le sous-financement universitaire, les rectrices et recteurs des universités québécoises inscrivent leur mode de gestion dans le contexte d'une université mondialisée. Ainsi, plutôt que de s'attarder aux ressources nécessaires pour assurer à l'université ses missions d'enseignement et de recherche, on se penche sur les fonds manquants pour que celle-ci puisse se comparer aux grandes universités à l’échelle mondiale. Bref, c'est la prémisse de la CRÉPUQ qui serait biaisée et qui conduirait à une telle évaluation du sous-financement.
Il serait incongru de parler de budgets universitaires sans s'attarder à la répartition de ceux-ci. Lorsqu’on s’y attarde, force est d'admettre qu'il existe un déséquilibre entre le financement des différents secteurs de l'université. D'une part, les secteurs plus directement liés à la recherche commercialisable (pharmaceutique, technologie de pointe, etc.) profitent largement de l'économie du savoir en étant davantage financés. D'autre part, le financement public fait défaut pour l'enseignement et la recherche libre, entraînant une recherche de financement privé par les frais de scolarité ou les partenariats commerciaux. Ainsi, les chercheuses et chercheurs ont moins de ressources pour se poser des questions qui bénéficieraient à l'avancement du savoir et sont plutôt encouragés à se pencher sur des enjeux servant la création de richesse. Par ailleurs, les récentes coupures budgétaires dans les Fonds de recherche du Québec ne peuvent que pénaliser la recherche libre, financée par des fonds publics et, ainsi, accélérer la privatisation de l'université.
Une université ayant pour fin le développement économique de la province manquera toujours de fonds. En tant que moteur de la création de richesse, elle sera à la recherche de partenaires commerciaux, à la fois pour vendre les innovations développées en son sein et pour aller chercher les quelques miettes de financement supplémentaire que lui rapporte la commercialisation de la recherche. Elle se mettra ainsi en compétition avec les autres universités pour attirer les investissements et les étudiantes et étudiants les plus performants. Cette compétition ne passe toutefois pas par la recherche de l'excellence académique, mais bien par l'acquisition d'une réputation plus forte auprès des employeurs et des bailleurs de fonds. Adhérer à la logique de l'université pour l'économie, c'est accepter le sous-financement.
L'inverse est aussi vrai : demander une croissance perpétuelle du financement des universités, c'est cautionner les divers partenariats qui permettent à l'entreprise de mettre le pied dans l'université. C'est aussi se rallier à la création de valeur rentable au détriment d'une recherche visant le développement et la transmission des connaissances.
A contrario, une université libre demande certes du financement, mais n'endosse pas un détournement de sa mission pour sa recherche. Elle n'endosse pas non plus une hausse des budgets dédiés à la publicité et à la construction de nouveaux bâtiments au détriment de sa mission d'enseignement, qui souffre d'un manque de fonds.
Le débat fait rage : quelle université voulons-nous?
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