25 mai 2015
Véronique Laflamme et François Saillant, FRAPRU
Les politiques d’austérité touchent l’ensemble de la population. Cependant, les personnes les plus pauvres, majoritairement des femmes, sont doublement, voire triplement affectées, et ce de diverses manières.
Au risque de répéter une évidence, les services publics représentent un des moyens dont la société québécoise s’est dotée pour combattre les inégalités sociales et s’assurer d’un accès à la santé, à l’éducation et à des services sociaux pour tous et toutes. Les compressions et les nouvelles réorganisations en santé et dans les services sociaux, qui pavent le chemin vers l’instauration du principe d’utilisateur-payeur et vers la privatisation, constituent une attaque directe à l’accessibilité des services et contribuent à creuser les inégalités sociales.
Pour le moment, ce sont les services qui sont coupés (quoi qu’en dise le premier ministre). Que feront les personnes aux prises avec une maladie ou vivant en situation de handicap qui subissent actuellement des coupures dans l’aide à domicile ou dans le transport adapté ? Les personnes affectées devront soit payer pour compenser ces coupures, ou s’en passer, au détriment de leur santé et de leur sécurité.
Pour leur part, les groupes communautaires qui viennent en aide à ces personnes et ceux qui font de la défense collective des droits doivent toujours faire plus avec très peu de financement. Pour certains, les compressions dans les ministères se traduisent par des coupes directes.
Pendant que le gouvernement Couillard coupe un peu partout, la « révolution tarifaire », initiée par le gouvernement Charest en 2010, s’est poursuivie. Les gouvernements successifs ont choisi de hausser les tarifs, en invoquant la supposée urgence d’atteindre l’équilibre budgétaire. À la hausse du tarif patrimonial d’Hydro-Québec, à l’instauration et au maintien d’une taxe santé, à la hausse des frais de scolarité et aux augmentations de la Taxe de vente du Québec (TVQ), s’ajouteront sous peu de nouvelles hausses aux tarifs des CPE et des services de garde. En plus d’appauvrir la classe moyenne, toutes ces mesures de fiscalité régressives ont un poids démesuré sur le budget des personnes à revenu modeste.
En octobre dernier, le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale a annoncé des coupes administratives à l’aide sociale. Le gouvernement Couillard a annoncé des coupures s’attaquant aux plus pauvres, qui doivent déjà vivre dans une intenable situation de survie. Il a choisi de ne pas renouveler les contrats d’intégration au travail pour les personnes handicapées, de geler les suppléments pour le retour au travail et de couper le Programme d’aide et d’accompagnement social Action (PAAS), qui s’adressait aux personnes éloignées du marché du travail, vivant avec différents problèmes de santé physique et mentale.
Début janvier, les médias ont annoncé qu’une nouvelle vague de coupures dans l’aide sociale était imminente. Parmi les mesures envisagées, des articles mentionnent la réintroduction de coupures pour partage de logement. Pourtant, devant les coûts exorbitants des loyers et avec des prestations si maigres d’aide sociale (616 $ pour une personne seule), la cohabitation est souvent le seul choix pour éviter la rue. Pendant que les vrais profiteurs de système, les Bombardier de ce monde, continuent à détourner des millions $ des coffres de l’État, le gouvernement choisit encore une fois de s’attaquer à ceux et celles qui se serrent déjà la ceinture.
Comme le répète le président du Conseil du trésor, «tout est sur la table» dans l’actuel processus de révision des programmes. Les travaux de la Commission permanente de révision des programmes influenceront grandement la suite des choses. Malheureusement, les annonces des dernières semaines ne sont qu’un avant-goût de ce qui les attend. C’est dans les prochains budgets que nous aurons une meilleure idée de l’ampleur des coupes.
Le budget 2014-2015 prévoyait des investissements de 250 millions $ pour la réalisation de 3000 logements sociaux dans le cadre du programme AccèsLogis Québec. Beaucoup trop peu pour répondre aux besoins criants des 227 835 ménages locataires du Québec qui paient plus de 50% de leur revenu pour se loger. L’habitation n’a pas été pour autant épargnée par les mesures d’austérité.
Ainsi, les sommes consacrées à « l’aide à l’amélioration de l’habitat » ont été réduites de 28 millions $. Les effets concrets de cette annonce : il n’y a eu aucun financement 2014-2015 pour les programmes RénoVillage et Réparations d’urgence qui s’adressent tous deux à des propriétaires à très faible revenu demeurant en milieu rural. Il en est de même de Rénovation Québec, qui subventionne les rénovations majeures faites par des propriétaires de logements locatifs en milieu urbain. Certaines villes, dont Montréal, utilisaient jusqu’ici une partie importante de ces sommes pour bonifier leur contribution à la réalisation de logements sociaux. Enfin, le programme Logements adaptés pour aînés autonomes, déjà suspendu en 2013-2014, reste sur la glace pour au moins une autre année.
En janvier 2015, la Société d’habitation du Québec a annoncé sans crier gare la fin d'une série de mesures d'aide financière qui servaient au développement des projets de logements sociaux, dans le cadre du programme AccèsLogis. Cela risque de compromettre le développement de projets qui étaient déjà en cours et pour lesquels des personnes mal-logées attendent impatiemment. Les régions dites éloignées, bénéficiant d’une enveloppe spécifique pour tenir compte des coûts plus importants pour y développer des logements sociaux, sont particulièrement touchées par ces modifications.
Tout cela pourrait cependant n’être qu’un avant-goût de ce qui attend l’habitation dans le prochain budget. Si on se fie aux rumeurs persistantes, les pires hypothèses peuvent être envisagées, dont l’arrêt, la suspension ou la réduction du financement de nouveaux logements sociaux avec AccèsLogis. À terme, le gouvernement Couillard pourrait même être tenté de le remplacer par des formules passant par le marché privé qui sont loin d’être aussi complètes et permanentes que le logement social.
Non seulement les budgets alloués aux logements sociaux, à l’adaptation des logements et à l’aide sociale ne doivent-ils pas être coupés, mais ils méritent au contraire d’être sérieusement augmentés pour répondre plus adéquatement aux besoins et se conformer aux exigences du Pacte international des droits sociaux, économiques et culturels auquel le Québec a accepté d’adhérer en 1976. L’une de ces exigences est justement d’agir « au maximum des ressources disponibles » pour « assurer progressivement le plein exercice des droits reconnus dans le Pacte ». Dans cette optique, notre regroupement se battrait pour un meilleur financement des programmes sociaux et une meilleure redistribution de la richesse.
Les attaques sans précédent contre les programmes sociaux et les services publics sont en train d’engendrer une mobilisation qui pourrait être historique contre les politiques néolibérales. Les nombreuses mobilisations de l’automne n’ont pas suffi à ébranler le gouvernement Couillard. La lutte devra se poursuivre et s’intensifier rapidement, cet hiver et au printemps. En janvier, les membres du FRAPRU ont tenu des visites collectives visant les membres du Conseil des ministres pour dénoncer toute coupe éventuelle dans AccèsLogis. En février, ils ont participé aux actions de la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics, notamment à la semaine d’actions dérangeantes du 23 au 27 février 2015. Le FRAPRU a appelé à une action sur ses propres bases, à Montréal, le 25 février. De plus, il a déjà voté de se joindre au mouvement de grève sociale du 1er mai et invite les autres groupes à faire de même. Enfin, le 21 mai, une large manifestation nationale donnera le coup d’envoi d’un camp de durée indéterminée pour le droit au logement, au centre-ville de Montréal. C’est à suivre, mais nous nous verrons assurément dans la rue !
Infos :
www.facebook.com/frapru.logement
#logementundroit
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