20 novembre 2015
L'ASSÉ réitère son appui aux syndiqué-e-s qui négocient présentement leurs conditions de travail avec le gouvernement dans le cadre du renouvellement de leurs conventions collectives. Notre association estime que la véritable entrave à la signature d'une entente n'est pas le «manque de réalisme» des revendications syndicales, mais bien le refus du gouvernement de se pourvoir des revenus suffisants pour rémunérer justement ses employé-e-s et continuer à offrir des services accessibles et de qualité à sa population. Nous défendons en ce sens, depuis le début de notre campagne de mobilisation automnale, cinq alternatives fiscales qui nous permettent d’affirmer que l'austérité est un choix politique et que les décisions actuelles du gouvernement Couillard s’inscrivent pleinement dans le long travail de démantèlement des services publics et sociaux qu’ont engagé sous différents noms (réingénierie de l’État, atteinte du déficit zéro, «révolution culturelle», etc.) les gouvernements provinciaux antérieurs, tous partis confondus.
Nous réitérons donc que le rétablissement d'une taxe sur le capital à un taux de 0,5% pour les sociétés non-financières et de 1% pour les sociétés financières, l'abolition des crédits d'impôt sur les gains en capital, l'augmentation de l'imposition des grandes entreprises de 11,9% à 15%, l'établissement de onze plutôt que quatre paliers d'imposition – mesure qui permettrait d'ailleurs à 94% des contribuables de payer moins d'impôt – et l'intensification de la lutte à l'évasion fiscale sont des avenues à notre portée pour contrecarrer la privatisation tranquille de l'État et le saccage social qui lui correspond. Nous sommes également convaincu-e-s que l'attitude actuelle du gouvernement dans les négociations exprime une volonté de casser la combativité de l’un des derniers milieux fortement syndiqués au Québec – en l’occurrence le secteur public. Le recul historique de l’activité syndicale au Québec coïncide en fait avec le durcissement de l’attitude gouvernementale à l’endroit des syndicats, notamment par des amendes et des sanctions de plus en plus sévères contre les personnes et associations défiant les lois spéciales – qui tendent elles-mêmes à se normaliser comme outil de gestion des conflits de travail. Dans un contexte où l'exception devient la règle, c'est l'arbitraire patronal qui devient le mot d'ordre auquel tous et toutes doivent se plier.
L'ASSÉ réaffirme que c'est une crise des revenus du gouvernement qui empêche actuellement de véritables négociations, que cette crise correspond à une volonté politique de restructurer les fonctions et domaines de compétence de l'État et que la résistance à cette restructuration doit se traduire sur le terrain politique par un syndicalisme combatif et rassembleur. La communauté étudiante, les syndicats et le milieu communautaire doivent ainsi créer et maintenir les liens nécessaires à l’établissement d’un rapport de force vigoureux avec le gouvernement dans une perspective de grève sociale : si l’austérité nous affecte tous et toutes, c’est ensemble qu’il nous faudra y répliquer. Nous invitons donc les étudiants et étudiantes, les membres des syndicats ainsi que l'ensemble des citoyennes et citoyens à maintenir la pression contre le gouvernement, en participant notamment à la manifestation du 28 novembre organisée par la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics, ainsi qu'à la manifestation féministe de l'ASSÉ qui se tiendra le mercredi 2 décembre à Québec. L'austérité, en contribuant à l'accroissement des inégalités économiques, porte atteinte directement aux femmes, qui gagnent encore aujourd'hui 83% du salaire des hommes pour un emploi équivalent et qui sont plus souvent en situation de précarité que ces derniers.
Ne cédons pas sur nos acquis, ne renonçons pas à la lutte pour la justice sociale et l'égalité hommes-femmes, sachons défendre fièrement et fermement nos revendications, et nous constaterons alors que nous sommes nombreuses et nombreux à mener un même combat.
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CATÉGORIES National, Économie du savoir, Gouvernance des institutions, Privatisation
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