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  • Ultimatum

    Éditorial – La marchandisation de l’éducation

    24 septembre 2018

    Votre établissement produit-il des publicités de plus en plus attrayantes chaque année tandis que la qualité de l’enseignement ne s’améliore pas ? Les entreprises privées prennent-elles votre campus pour un milieu publicitaire ? Les nouveaux programmes d’études introduits dans votre établissement sont-ils toujours orientés vers les besoins du marché du travail pendant que les programmes moins lucratifs sont de plus en plus délaissés ? Surprise ! Tous ces phénomènes sont connectés ! Ils reviennent à un concept plus large que vous ne connaissez peut-être pas, mais que vous vivez sûrement : c’est la marchandisation de l’éducation.

    Pourtant, l’idéal derrière la modernisation de l’éducation au Québec, qui était porté par le rapport Parent, était tout autre. La formation pour le marché du travail était évidemment un des objectifs, mais une préparation à la vie sociale et citoyenne était indissociable de cet objectif. Ainsi, un autre rôle central de l’éducation était d’amener l’être humain à s’émanciper et à s’épanouir personnellement et collectivement. Bref, l’amener à se libérer de la conformité de la société et à se donner la plénitude de ses facultés.

    Or, la marchandisation de l’éducation vient faire le contraire en suivant une volonté politique qui souhaite détourner l’éducation de son rôle d’émancipation et de transmission du savoir pour la transformer en une marchandise. Par marchandise, nous entendons un bien ou un objet principalement défini par sa valeur monétaire. Une éducation marchandisée s’inscrit donc dans le système capitaliste en visant le profit avant tout. Un exemple de cette dynamique est la comparaison entre les programmes de médecine, qui sont beaucoup financés et qui sont dotés d’outils d’apprentissage à la fine pointe de la technologie, alors que les programmes d’arts ou de sociologie sont victimes de beaucoup de coupures et sont sous-financés, ce qui fait notamment en sorte que les cours d’approfondissement sont rarement offerts et que les classes sont souvent surpeuplées, faute de financement. Cela établit malheureusement le fait que la sociologie et les arts sont inférieurs à la médecine, car ces disciplines ne rapportent pas autant d’argent à la société. Également, une pratique courante de ce modèle est de traiter la population étudiante comme une « clientèle » qui doit être formée pour répondre directement aux demandes du marché du travail, tout en étant éduquée à être des consommateurs et des consommatrices. Ce rôle est d’ailleurs soutenu par la quantité croissante de publicités présentes dans les campus. Ainsi, les étudiantes et étudiants sont poussé-e-s à entreprendre des études supérieures dans le but d’obtenir un diplôme qui leur permettra d’occuper un bon emploi avec le meilleur salaire possible, ce qui leur permettra au final de consommer davantage. Le fondement critique et émancipateur de l’éducation est ainsi progressivement délaissé.

    Contexte actuel
    Même si ce phénomène est loin d’être nouveau, le dernier budget du gouvernement provincial, ainsi que certaines de ses annonces, nous font craindre le pire. En effet, certains des « réinvestissements en éducation » présentés par le gouvernement semblent plutôt avoir comme but de transformer le système d’éducation, en multipliant les partenariats avec le privé, en augmentant les investissements dans la publicité à l’international, et en se préparant à revoir le mode de financement des universités. Ces mesures représentent des sommes de centaines de millions de dollars[1], ce qui donne au gouvernement les moyens financiers de modifier radicalement le système d’éducation au Québec. Un changement très drastique a d’ailleurs été annoncé peu après le dépôt du budget : il s’agit de la déréglementation des frais de scolarité pour les étudiantes et étudiants de l’international. Cette mesure avait déjà été dénoncée en 2008, lorsqu’elle avait été autorisée pour six programmes d’études, et son élargissement à tous les programmes ne fera qu’en amplifier les conséquences. Celles-ci sont notamment la diminution de l’accessibilité aux études postsecondaires pour ces étudiants et étudiantes, l’augmentation de leur précarité financière et l’accroissement de la course au recrutement international faite à grand coût par les universités, vu la rentabilité de ce type d’étudiantes et étudiants du point de vue de ces établissements.

    La campagne de l’ASSÉ
    Ces récentes annonces ont poussé les associations étudiantes membres de l’ASSÉ à se doter d’une campagne nationale contre la marchandisation de l’éducation, dans l’optique de lutter contre la privatisation progressive du système d’éducation québécois. Cela passe d’abord par la défense des cégeps et de leur formation générale, étant donné leur importance pour assurer notamment une éducation locale, complète et peu coûteuse à un maximum de personnes. Un autre axe important de la campagne est l’opposition à toute forme de hausse des frais de scolarité, y compris leur modulation[2]. Cette opposition a pour but de maintenir l’accessibilité des études pour toutes et tous, notamment les étudiants et étudiantes de l’international, dans l’optique où l’éducation est un droit et non un privilège. Finalement, cette campagne est une opportunité pour l’ASSÉ de réitérer sa revendication pour la rémunération de tous les stages, et d’appuyer en ce sens la campagne portée par les Comités unitaires sur le travail étudiant (CUTE)[3]. En effet, les stages non rémunérés, qui sont particulièrement présents dans les domaines traditionnellement féminins, utilisent le contexte de formation comme un prétexte pour offrir de la main-d’œuvre gratuite à des entreprises privées ou à des milieux institutionnels, ce qui est une façon de profiter du système éducatif pour des raisons économiques. Ils sont donc une forme de marchandisation et de privatisation de l’éducation à dénoncer.

    Une suite logique pour l’ASSÉ
    Pour l’ASSÉ, la défense d’un modèle d’éducation libre de l’ingérence du privé n’a rien de nouveau. En tant que principe fondateur de l’organisation, on peut même dire que ça fait partie de son ADN. Ainsi, plusieurs des campagnes passées de l’ASSÉ ont touché cet enjeu, de près ou de loin. Les récents changements dans le modèle d’éducation semblent d’ailleurs être la suite logique des années d’austérité du gouvernement, car les nombreuses coupures en éducation ont placé les établissements dans une situation de sous-financement, laissant la porte grande ouverte au privé. En effet, les cégeps et universités peuvent désormais difficilement dire non aux contributions financières d’entreprises privées, que ce soit dans la création de programmes d’études ou dans la location d’espaces de publicité ou d’espaces commerciaux.

    Ainsi, après une lutte de trois ans contre l’austérité, l’ASSÉ s’engage désormais dans une campagne d’information et de mobilisation pour résister à la marchandisation progressive du système d’éducation québécois et réclamer une éducation publique, accessible et de qualité.

    Dans ce journal, certains des enjeux entourant la campagne seront exposés. D’abord, les principales mesures de marchandisation de l’éducation dans les cégeps, soit les CCTT et les AEC, seront expliquées. Un portrait semblable sera fait avec l’université, en abordant cette fois l’impact de la déréglementation des frais de scolarité pour les étudiantes et étudiants de l’international. Finalement, l’enjeu de la rémunération des stages sera présenté, à travers une description de la campagne menée par les CUTE depuis deux ans. Des exemples concrets de marchandisation et de privatisation dans les campus seront également intégrés au journal. Finalement, un mot croisé et une bande dessinée viendront apaiser votre frustration autour de la marchandisation engendrée tout au long de votre lecture de ce journal.

    Bonne lecture !

    [1] Pour plus d’informations, voir le document suivant :
    Fascicule Éducation du budget 2018-2019, disponible en ligne au http://www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2018-2019/fr/documents/Education_1819.pdf
    [2] La modulation des frais de scolarité consiste à laisser à chaque université le choix des frais de scolarité exigés selon leurs programmes d’études. Le gouvernement peut toutefois leur imposer des balises.
    [3] Pour plus d’informations sur leur campagne, voir leur page Facebook « CUTE Campagne sur le travail étudiant » et leur site web « https://www.travailetudiant.org ».

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