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  • Ultimatum

    Universités – Payer le prix de la concurrence universitaires

    28 septembre 2018

    En mai dernier, le gouvernement a annoncé la déréglementation complète des frais de scolarité pour les étudiants étrangers et les étudiantes étrangères de 1er et de 2e cycle. Cette nouvelle réforme s’inscrit dans un contexte où les universités se livrent à une compétition acharnée sur le marché lucratif du recrutement international.

    Le budget provincial 2018-2019 en éducation est sans équivoque : on assiste présentement à la mise en pratique des recommandations des rapports Demers[1] et Roy-Tremblay[2] déposés en 2014. Deux enjeux étaient au cœur de ces rapports. D’une part, il s’agissait de « moderniser » et de restructurer les établissements d’enseignement postsecondaire de manière à les arrimer davantage aux besoins du marché ; de l’autre, d’assurer leur compétitivité à l’échelle internationale.

    Le recrutement international dans l’économie du savoir

    Tributaires de la mondialisation des échanges et de la course tous azimuts à l’innovation, ces mesures s’inscrivent dans un contexte plus large que l’on nomme « l’économie du savoir ». En 1996, l’OCDE[3] publiait L’Économie fondée sur le savoir dans lequel l’organisation reconnaissait au savoir, aux connaissances et à l’information le rôle de « moteurs de la productivité et de la croissance économique »[4]. Au nom du développement économique, on recommandait une plus grande proximité des établissements d’enseignement supérieur avec les secteurs privés. Parallèlement à une réduction du financement public, les universités s’orientèrent de plus en plus vers des besoins spécifiques et particuliers : formation d’une main-d’œuvre qualifiée, production de brevets, commercialisation de la recherche, etc.

    Longtemps comprise comme un lieu d’enseignement et de synthèse pluridisciplinaire des connaissances, le néolibéralisme transforme l’université en instrument de stimulation économique. Sous les pressions uniformisatrices d’organisations comme l’OCDE ou la Banque Mondiale, les universités se calquent aujourd’hui sur un « modèle unique d’universités dites “de classe mondiale” [World-Class Universities], c’est-à-dire en évolution dans un espace global qui se confond avec celui de la mondialisation économique. »[5] Dans un tel espace, l’enjeu consiste à améliorer le positionnement concurrentiel des universités sur la base de leur réputation à l’international. Cette « réputation », dont bénéficient les World Class Universities, repose sur des indicateurs de performance qui ne tiennent aucunement compte de critères pédagogiques. Pour gravir les échelons du palmarès international, on retiendra plutôt l’employabilité de l’établissement, le ratio de financement par professeur-e, la quantité de publications ou de citations dans des revues cotées ou encore le nombre d’étudiantes et d’étudiants provenant de l’extérieur du pays.

    Une réforme du mode de financement au profit de la concurrence universitaire

    Justement, en adoptant diverses politiques de financement établies en fonction des effectifs étudiants, les États néolibéraux encouragent directement la concurrence interuniversitaire. En ce qui concerne spécifiquement les frais de scolarité des étudiants étrangers et des étudiantes étrangères, on observe qu’ils ont été continuellement modifiés depuis quarante ans de manière à leur soutirer le plus d’argent possible. Jusqu’alors, ceux-ci étaient modulés en fonction de la discipline et du cycle d’études. En moyenne, la communauté étudiante étrangère payait environ 15 000 $ par année pour étudier dans une université québécoise. Dans chaque cas, les montants forfaitaires[6] étaient récupérés par le gouvernement avant d’être redistribués parmi les universités sous forme de subvention à l’enseignement, au soutien à la recherche et à l’entretien des infrastructures.

    Toutefois, depuis 2008, six familles disciplinaires sont déréglementées[7]. Pour ces programmes, en plus d’être déplafonnés, les frais additionnels (les montants forfaitaires) vont directement dans les coffres des universités. Les montants forfaitaires n’étant plus redistribués, cette mesure désavantage les établissements qui ont un faible pouvoir d’attraction hors Québec tout en transformant les étudiants étrangers et les étudiantes étrangères en cagnotte pour les universités jouissant d’un grand pôle d’attraction sur la scène internationale. Sans surprise, cette déréglementation a donné lieu à des aberrations, comme à McGill où, en 2015, une année en génie (Bachelor of Engineering) ou en administration (Bachelor of Commerce) pour les étudiantes et les étudiants de l’international coûtait respectivement 31 000 $ et 36 000 $. Trois ans plus tard, à l’automne 2018, ces mêmes frais de scolarité déréglementés s’élevaient à 39 000 $ et 45 000 $.

    Or, en accord avec les recommandations du Rapport Roy-Tremblay, entrera en vigueur à partir de la session d’automne 2019 la déréglementation des frais de scolarité des étudiants étrangers et des étudiantes étrangères (ne provenant ni de France ni de Belgique) pour tous les programmes de 1er cycle et de 2e cycle (mis à part le volet recherche). Des hausses de frais de scolarité sont donc à prévoir prochainement. Il s’agit là du feu vert qu’attendaient les universités afin de demeurer « compétitives » sur le terrain des World-Class Universities.

    En jouant le jeu de la concurrence internationale, la déréglementation des frais de scolarité par le gouvernement aura comme effet néfaste d’accentuer la compétition entre les universités québécoises concernant l’attrait d’une « clientèle » étudiante étrangère. Au détriment de la qualité de l’enseignement, le projet néolibéral s’inscrit dans une logique marchande de l’éducation où le marché capitaliste mondiale s’ingère dans l’université et la détourne de sa mission publique, culturelle et sociale. Sous couvert d’« ouverture sur le monde » et de « mobilité étudiante », on conformise les cursus académiques de manière à assurer la plus grande « solvabilité économique » des étudiants et des étudiantes de l’international. Tout compte fait, la récente réforme du mode de financement universitaire ne fera que conférer aux administrations davantage de latitude pour accroître leur marge de manœuvre sur le dos de la communauté étudiante étrangère.

    [1] Rapport final du chantier sur le financement des universités.
    [2] Rapport final du chantier sur l’offre de formation collégiale.
    [3] L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est une organisation qui agit à titre consultatif auprès de ses 36 pays membres (dont les États-Unis, le Canada et l’Union européenne) par la promotion d’analyses économiques à tendance néolibérale.
    [4] OCDE, L’Économie fondée sur le savoir, Paris, 1996, p. 3.
    [5] Éric Martin, L’université globalisée : transformations institutionnelles et internationalisation de l’enseignement supérieur, IRIS : Institut de recherche et d’informations socio-économiques, Montréal, 2016, p. 2.
    [6] Le montant forfaitaire correspond à la différence entre les frais de scolarité de base, payés par les étudiantes québécoises et les étudiants québécois, et le montant des frais totaux des étudiantes non québécoises et des étudiants non québécois.
    [7] Administration, droit, sciences pures, mathématiques, génie et informatique.

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