4 décembre 2012
En qualifiant la gratuité scolaire «d'irréaliste», le Parti Québécois manque autant de perspective globale que lorsque le Parti Libéral martelait que nous avions les frais de scolarité les plus bas en Amérique du Nord. Les exemples de gratuité scolaire dans le monde sont nombreux et diversifiés. Alors que cette option sera discutée dans les prochains mois au Québec, nous devons avoir des revendications claires et imaginer notre propre modèle. Désirer un système sans barrières tarifaires n'est pas suffisant, il est plus important que jamais de réfléchir sur le système que nous voulons en nous basant sur ceux existant ailleurs.
Le mouvement étudiant québécois doit garder en tête que l'atteinte de la gratuité scolaire ne doit pas se faire au détriment des autres revendications qui l'animent. À quoi nous servirait la gratuité scolaire si l'éducation n'était plus accessible ou encore marchandisée? C'est pourtant le cas de certains pays.
Accessibilité sacrifiée en France
Le système scolaire universitaire français est empreint d'élitisme et n'est donc pas plus accessible que s'il était tarifé. Pour entrer dans une des universités publiques contingentées, la réussite d'un test d'admission est nécessaire. L'option d'étudier dans de grandes écoles privées imposant des frais de scolarité est aussi possible. La qualité de l'enseignement du côté de l'enseignement public n'est malheureusement pas toujours à sa pleine capacité, ce qui pousse les gens vers le privé. Cette même tendance est d'ailleurs visible au sein du système de santé québécois, alors que de plus en plus de gens se tournent vers le système de santé privé, qui crée un modèle à deux vitesses où les plus fortuné-e-s sont privilégié-e-s. Ceux et celles qui ont la chance de réussir l'examen d’accueil font souvent partie d'une classe sociale déjà privilégiée puisque leur réussite implique souvent deux ans de préparation intensive pour ces tests. On doit donc pratiquement sacrifier deux ans de sa vie pour accéder à la gratuité scolaire. Or, ce n'est pas tout le monde qui peut se permettre de cesser le travail rémunéré pour se consacrer à temps plein sur ses études.
Arrimage au marché en Suède
La situation en Suède est bien différente, mais tout aussi problématique. La gratuité scolaire y est marchandée de façon scandaleuse, ce qui entre en contradiction avec le principe d'une éducation libre de l'entreprise privée liée à notre vision de la gratuité. Les admissions sont effectuées selon une analyse d'employabilité basée sur la carrière désirée après les études. À titre d'exemple, on offrira une possibilité de redirection à une étudiante ou un étudiant désirant faire de la recherche fondamentale en biologie vers une carrière en génie bio-médical qui produit plus de brevets dans l'immédiat. Ce faisant, on valorise certains programmes et on divise les fonds de façon inéquitable afin de financer ces derniers. Le parcours scolaire n'est donc pas axé sur l'épanouissement, mais sur les besoins du marché suédois et même mondial. L'État ne tente que de rentabiliser l'investissement qu'il met en la personne qui désire étudier, comme un actionnaire. On peut toutefois tirer une leçon de ce modèle : contrairement à ce que craignent les opposant-e-s à la gratuité scolaire, il n'y a pas d'éternel-le-s étudiants et étudiantes.1 Comme c'est le cas avec les étudiants et étudiantes du cégep ici, les autres barrières financières ne s'effacent pas lorsqu'on est aux études. On doit toujours payer son loyer et sa nourriture, ce qui incite à ne pas demeurer aux études durant une longue période malgré l'instauration de la gratuité scolaire.
Dépendance à l'État au Venezuela
Le modèle scolaire bolivarien2 amène lui aussi un problème auquel le mouvement étudiant a réfléchi. En nous positionnant pour une éducation laïque et libre de toute forme de discrimination, nous avons fait le choix d'exclure toute idée préconçue de nos écoles afin de laisser toute la place à la créativité et à l'apprentissage des individus. Toutefois, au Venezuela, l'éducation accessible à tous et à toutes vient servir la révolution bolivarienne. L'université n'est désormais plus un milieu de réflexion, mais un organe de promotion des idéaux du parti au pouvoir.
Rester organisé-e-s malgré la gratuité
Revendiquer la gratuité scolaire et espérer que tous les maux de l'éducation universitaire au Québec se régleront ainsi n'est donc pas une stratégie gagnante à adopter. Il faut pousser la réflexion plus loin que les arguments économiques et relevant de l'accessibilité pour s'assurer une université à notre image. Le syndicalisme de combat devra perdurer pour conserver nos acquis obtenus par la lutte. La persévérance des étudiants et étudiantes du Mexique qui, grâce à un gel des frais depuis 1910, ont obtenu une facture étudiante décente pour tous les étudiants et étudiantes de l'Université nationale autonome de Mexico, est un exemple pour nous tous et toutes. Ils et elles ont dû se battre à plusieurs reprises, la dernière fois en 1999, pour réaffirmer l'importance d'une éducation accessible et gratuite3.
Pour plus d'informations sur la gratuité scolaire, tant ici qu'ailleurs, informez-vous sur la tournée de formation sur la gratuité scolaire à formation@asse-solidarite.qc.ca
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